Suisse

«Seule une minorité de candidats cherche à contourner les règles de transparence»

L’argent n’est désormais plus tabou dans les campagnes politiques en Suisse. A l’instar de l’UDC – ici lors de l’assemblée des délégués du 1er juillet -, les partis et les candidats doivent désormais déclarer les dons qu’ils reçoivent. © Keystone / Urs Flueeler

La Secrétaire exécutive du Groupe d’États contre la corruption (GRECO) du Conseil de l’Europe, Hanne Juncher, est convaincue que la manière dont la classe politique se finance n’est pas une affaire privée, même dans un système de milice comme le connaît la Suisse. Entretien*.

Ce contenu a été publié le 25 août 2023 – 06:30




un rapport sévèreLien externe contre la Suisse au mois de mai. Vous écrivez ne constater «aucun progrès dans la mise en œuvre des recommandations» visant à lutter contre la corruption des parlementaires et des magistrats helvétiques. Le GRECO s’acharne-t-il contre la Suisse?

Ce rapport ne traitait pas du financement de la vie politique, mais de la prévention de la corruption des parlementaires, juges et procureurs fédéraux, dans le cadre d’un autre cycle d’évaluation du GRECO. Celui-ci a démarré pour la Suisse en 2016 et a donné lieu à d’autres recommandations que celles sur la transparence du financement politique.

Le GRECO évalue maintenant la façon dont la Suisse applique ces recommandations, comme elle le fait pour tous ses États membres. Il s’agit du processus normal de suivi des évaluations du GRECO, auquel la Suisse s’est engagée à participer en tant que membre de notre organisation.

«Quand un homme ou une femme choisit d’exercer un mandat politique, il ou elle devient une personnalité publique qui doit accepter certaines restrictions à la protection de sa vie privée»

End of insertion

Dans ce rapport, vous critiquez notamment le fait que les parlementaires ne sont toujours pas tenus de déclarer combien ils gagnent avec leurs mandats extra-parlementaires. Mais dans un système de milice, ces informations n’appartiennent-elles pas à la sphère privée?

Quand un homme ou une femme choisit d’exercer un mandat politique, il ou elle devient une personnalité publique qui doit accepter certaines restrictions à la protection de sa vie privée par rapport aux citoyens non élus. Le système de milice existant en Suisse ne change rien à l’affaire.

Tout comme la transparence du financement politique permet de mettre en lumière certaines influences ou liens avec les positions des partis et candidats, il est important de savoir quels sont les liens d’intérêt des élus, qui peuvent contribuer à expliquer certaines de leurs positions – et inciter les électeurs à les réélire ou non.

Le Parlement n’a toujours pas adopté de code de déontologie à l’attention de ses membres, contrairement à vos recommandations. En quoi cela aiderait-il concrètement à rendre la démocratie suisse plus transparente?

Cette recommandation fait partie de l’évaluation du GRECO sur la prévention de la corruption des parlementaires. Elle ne vise donc pas directement à rendre la vie politique plus transparente, mais à renforcer l’intégrité des élus fédéraux. 

Cela dit, certains éléments d’un code de déontologie, comme une plus grande transparence des contacts entre les parlementaires et les lobbyistes et autres tiers, contribuent certainement à une plus grande transparence de la démocratie.

>> A relire: notre interview du directeur de l’ONG Transparency International Suisse, qui pointe des lacunes en matière de contrôle de ces nouvelles règles de transparence:

*L’interview a été réalisée par écrit

Articles mentionnés

En conformité avec les normes du JTI

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative