SportSuisse

Raoul Savoy, le prophète du football «qui ne vaut rien dans son pays»

Un décor qui tranche avec la Centrafrique: à Sainte-Croix, à plus de 1000 mètres d’altitude dans le Jura vaudois, Raoul Savoy et sa famille ont souvent une vue sur la mer de brouillard en dessous d’eux en automne. RTS

Avec Murat Yakin (Suisse) et Thomas Häberli (Estonie), Raoul Savoy est l’un des rares Suisses à entraîner une équipe nationale de football. Il rêve de participer à la Coupe du monde et de revenir en Suisse. Même si cela lui fait mal que la fédération nationale ne l’ait pas pris au sérieux.

Ce contenu a été publié le 06 décembre 2023 – 09:30



scoutingLien externe fait partie de ses tâches, tout comme la planification des voyages. «Il faut régler beaucoup plus de choses, s’occuper de tout. Les voyages sont très longs. Il est parfois difficile de trouver des logements pour l’équipe», explique-t-il.

Au moins, il n’a pas à craindre pour sa sécurité personnelle. «J’ai un poste important, je suis connu là-bas. Les autorités font attention», dit-il.

Raoul Savoy est devenu entraîneur de l’équipe nationale de Centrafrique une première fois en 2014. Mais dans le sillage de la guerre civile, l’équipe s’est disloquée. En Gambie, l’étape suivante, l’argent a fini par manquer. En 2015, Raoul Savoy s’est soudainement retrouvé au chômage.

Considéré comme un touriste en Suisse

Il a obtenu son diplôme d’entraîneur de niveau licence pro Uefa — non pas en Suisse, mais en Écosse. «Lorsque j’ai posé ma candidature pour la formation en Suisse, la fédération a pensé que j’étais un touriste et ne m’a pas pris au sérieux», avait-il raconté à la Neue Zürcher Zeitung il y a deux ans.

On comprend dès lors que sa relation avec son pays d’origine soit quelque peu ambiguë. «On ne m’a jamais sollicité en Suisse. En Afrique, on apprécie mes 20 ans d’expérience et mes qualités», déclare Raoul Savoy.

Mais il n’a pas encore tout à fait renoncé: «la Suisse est ma patrie et je me sens ici un peu comme le prophète qui ne vaut rien dans son propre pays. Mais c’est vrai: j’aimerais bien être entraîneur en Suisse un jour».

Il passe en tout cas les prochains mois en Suisse — sur les hauteurs du Jura vaudois, où vivent sa femme et ses deux filles.

Articles mentionnés

En conformité avec les normes du JTI

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative