Belgique

Crise de l’accueil : « Nicole de Moor détricote l’essence même d’un Etat de droit »

Mercredi, le Conseil d’État a suspendu la décision récente de Mme de Moor de ne plus offrir d’accueil aux demandeurs d’asile masculins seuls. Face à cette nouvelle décision judiciaire rappelant les obligations légales de la Belgique, la secrétaire d’Etat avait toutefois assuré que sa politique « ne changerait pas ».

Les deux associations voient dans cette attitude un mépris du principe de séparation des pouvoirs qui est pourtant l’un des fondements d’un Etat démocratique.

« Cette tendance n’est pas neuve. Déjà, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ou plus récemment en période de pandémie, nos derniers gouvernements ont opté pour une gestion verticale des crises avec l’idée que les pouvoirs judiciaire et législatif devaient baisser pavillon devant un pouvoir exécutif qui serait le seul à être efficace dans l’action », décryptent le CAL et de mens.nu.

Pour les deux associations, pareille attitude de la secrétaire d’Etat mine la confiance des citoyens dans les responsables politique mais mène aussi le pays à « un point extrême où le risque d’un pouvoir exécutif autoritaire assumé finit par ne plus être si improbable ».

« Les récents résultats électoraux en Europe le démontrent à suffisance, nos démocraties ne meurent pas seulement à la suite de coups d’Etat militaires, elles peuvent aussi mourir à petit feu, par un processus de destruction progressive et insidieuse de l’Etat de droit. Dans sa lettre adressée à la population le 21 juillet, le Premier Ministre écrivait qu’il est du devoir des hommes politiques de faire en sorte que notre pays fonctionne et qu’il allait s’y atteler. Il est plus que temps », concluent les deux associations laïques.

L’Etat belge a été condamné à de très nombreuses reprises ces dernières années par la justice pour non-respect de ses obligations légales en matière d’accueil de demandeurs d’asile.

Les associations actives dans la défense des droits humains dénoncent depuis longtemps le fait que ces décisions de justice ne sont pas suivies par le gouvernement. Celui-ci se retranche derrière la difficulté matérielle à créer toujours plus de places d’accueil face à l’arrivée de nouveaux migrants.