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L’incroyable aveu de Tadej Pogacar après son triomphe à Paris-Nice: “L’an passé, j’étais plus fort à ce moment de la saison”

Tadej Pogacar n’aime rien moins que gagner des courses. Neuf déjà (dont deux classements généraux) en treize jours de course à peine depuis le début de la saison. Même le grand Eddy Merckx ne marchait pas à cette moyenne gargantuesque. Sur ce 81e Paris-Nice, le Slovène a fait très fort en remportant trois étapes, le classement final, mais aussi les maillots vert et blanc. Seul, celui à pois rouges a échappé au numéro 1 mondial, il faut dire que le Danois Wesly Gregaard s’est démené comme un beau diable durant toute la semaine pour marquer le passage de son équipe Uno-X sur la Course au Soleil. Cela lui donnera peut-être des idées pour le mois de juillet prochain où la formation norvégienne est également invitée sur le Tour de France.

Pogacar est le 13e coureur dont le palmarès recense et la Course au Soleil et la Grande Boucle à son palmarès, mais il est le premier à avoir d’abord enlevé le Tour. Même s’il serait sot de tracer un parallèle entre les deux courses (onze fois un coureur ayant gagné à Nice l’a fait aussi à Paris quatre mois plus tard), cette édition 2023 avait forcément des relents estivaux. Pas uniquement à cause de la météo rencontrée par les coureurs ces trois derniers jours avec un grand ciel bleu et des températures souvent supérieures à vingt degrés. Ce dont, d’ailleurs, Pogacar s’est plaint.

Trois des quatre premiers du dernier Tour (Geraint Thomas était absent) étaient au départ, dimanche dernier, à La Verrière où le duel entre les derniers maillots jaunes, Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar focalisait toute l’attention. Une semaine plus tard, on retient que David Gaudu s’est invité et bien plus qu’en arbitre au point de s’ériger, dès mercredi lors de l’arrivée au sommet de La Loge des Gardes, en challenger du Slovène. Une situation renforcée samedi avec le succès du maillot jaune au sommet du col de la Couillole devant le Breton, Vingegaard cédant encore du temps.

Au départ de la dernière étape, douze secondes, seulement, séparaient les deux premiers du général, mais rapidement, Pogacar et ses équipiers ont cadenassé la course avant que le Slovène ne s’envole en solitaire dans le col d’Eze pour donner beaucoup plus d’éclat encore à sa victoire. “Ce n’était pas super important de terminer seul, avoua Tadej Pogacar, mais souvent l’attaque est la meilleure défense. J’ai démarré, je savais que le sommet n’était pas loin qu’il y avait une descente ensuite, j’ai donc continué. Je connais ces routes, je m’entraîne souvent ici. Je savais que j’étais bien. J’ai pu savourer dans les derniers kilomètres et saluer aussi le travail exemplaire de mon équipe et notamment de Tim (Wellens). Jumbo et Groupama avaient chacun un gars devant, on a donc décidé de mener un rythme élevé dans la côte de Peille, ce que Tim a fait à merveille pour empêcher les attaques. ”

Le coureur d’UAE Emirates ne regrette évidemment pas d’avoir modifié son programme originel et d’avoir privilégié Paris-Nice à Tirreno.

”On termine dans le soleil, j’ai gagné trois étapes et je finis en jaune”, souriait-il, “je suis très heureux de mon choix. Gagner ici, près de chez moi, ça me fait plaisir. C’est une belle région, vous voyez, la météo est souvent très bonne. Il y a toutes sortes de côtes, petites, longues, raides, plus roulantes. Il y a un peu de tout, mais pas assez de plat à mon goût malheureusement. Et puis, il y a aussi le reste, les boulangeries (il dit ça en français) et tout ce qui fait la belle vie.”

Ce qui ne le désigne pas, pense-t-il, pour autant comme le favori du Tour.

”Il y a d’autres favoris pour le Tour, on verra, c’est encore loin, poursuit Pogacar. Il y aura encore beaucoup d’autres courses avant cela, il faudra attendre. L’an passé, j’étais plus fort à ce moment de la saison après avoir effectué un stage en altitude, ce qui n’a pas été le cas cette fois. J’ai encore une petite marge de progression.”

Pas sûr que Jonas Vingegaard appréciera cette déclaration, ni même David Gaudu.

”L’an dernier, j’avais aussi battu largement Vingegaard à Tirreno et il m’avait devancé au Tour, dit encore Tadej Pogacar. Ce n’est qu’une course, j’étais meilleur que lui, mais on verra lors des prochaines courses comment il progresse. Gaudu a montré, lui, une grande forme. Donc, j’ai été attentif et j’ai surtout veillé à ce qu’il ne me prenne pas de temps ces derniers jours. Je l’ai tenu à l’oeil.”

Après Paris-Nice, le leader de l’équipe UAE va se tourner vers les classiques, de Milan-Sanremo à Liège-Bastogne-Liège, il va quasi toutes les courir puisqu’il a ajouté le G.P. E3 à son programme. Il ne devrait être absent que de Gand-Wevelgem et, bien sûr, de Paris-Roubaix où il ne veut et peut prendre aucun risque. Sur la forme qui est la sienne et avec l’imprévisibilité de ses actions de panache, Tadej Pogacar devient un des grands favoris de la Primavera, samedi prochain.

Je suis dans une excellente condition, mais Sanremo, ce sera différent”, assurait-il encore. “On verra ce qu’on peut y faire. C’est une belle course, sympa, proche de chez moi (NdlR : il vit à Monaco). De nombreux amis seront sur le bord de la route. Je vais essayer quelque chose, j’espère obtenir un résultat, savourer ma course, m’amuser. Nous aurons une équipe forte, mais difficile de dire qui va ou peut gagner. Tout le monde peut gagner, c’est facile et difficile en même temps et compliqué de pronostiquer.”