France

Trafic de drogues : Dix ans de prison pour un gros trafiquant de Saint-Ouen, en cavale

Il est toujours caché au Maroc. Le « Gros », surnom du chef du trafic de drogues des Boute-en-Train a été condamné vendredi à dix ans de prison, au procès du réseau de cette cité qui était l’un des principaux points de deal de Seine-Saint-Denis.

Onze hommes et une femme, âgés de 25 à 39 ans, étaient jugés depuis huit jours pour trafic de cannabis et de cocaïne en 2020 et 2021 dans ces deux tours surplombant le périphérique. Un supermarché de la drogue aux portes de Paris, ouvert 24 heures sur 24, qui constituait selon le parquet « la version la plus aboutie du trafic de cité ».

Au terme d’un procès marqué par « une application scrupuleuse de la loi du silence », le tribunal a déclaré les prévenus coupables pour leur implication, à des degrés variables, dans ce trafic « extrêmement lucratif ». Pour les seuls neuf mois visés par la procédure, le chiffre d’affaires peut ainsi être évalué à « cinq-six millions d’euros », a détaillé le président Jean-Baptiste Acchiardi.

Dix ans de prison ferme pour le chef de réseau

Propriétaire du point de deal et tête du réseau des « Boutes », El Mehdi Zouhairi, alias « Le Gros » ou « Malsain », s’est vu décerner la peine maximale de dix années de prison en raison de sa « particulière dangerosité », ainsi que deux millions d’euros d’amende. Ce producteur de rap de 33 ans n’était pas présent à l’audience.

En fuite au Maroc depuis l’assassinat en 2019 du responsable d’un clan rival dans le deal de Saint-Ouen, il continue d’échapper à la justice française malgré les multiples mandats d’arrêt et procédures judiciaires à son encontre. En dépit de son absence, « il est partout dans le dossier, il est partout à l’audience. Dès qu’il est question de la famille Zouhairi, chacun se mure dans le mutisme », avait noté le procureur Édouard Le Boulanger dans son réquisitoire jeudi.

Au travers des dénégations et réponses évasives des prévenus, l’audience a offert un aperçu des coulisses de la vente industrielle de cannabis et de cocaïne qui y prenait place. Cette organisation bien huilée opérait une division du travail entre les « bosseurs », les petites mains, et les « humains », les cadres.

Cette audience s’inscrivait dans une série de procès au tribunal de Bobigny consacrés au trafic de stupéfiants dans les cités de Saint-Ouen et de ses environs, haut-lieu du trafic de drogue du fait de sa mitoyenneté avec Paris.