Maroc

Les remboursements repartent du bon pied après le choc COVID

Supervision bancaire. En marge de sa présentation de la 19ème édition du rapport annuel sur la supervision bancaire, Bank Al-Maghrib relève une tendance soutenue des remboursements des prêts de trésorerie garantis par l’État à fin mai 2023. Une situation qui témoigne d’une relance avérée du tissu entrepreneurial après avoir subi un grand choc durant la crise sanitaire.

Les remboursements des prêts de trésorerie garantis par l’État reprennent, et ce à une cadence régulière. Les données disponibles à fin mai 2023 laissent apparaître un encours de 7,4 milliards de dirhams pour les crédits « Damane Oxygène » alors qu’il se situait autour de 8,4 milliards de dirhams à fin 2022. L’encours des prêts « Damane Relance » est revenu pour sa part à 26,6 milliards de dirhams au titre des cinq premiers mois de l’année à 26,6 milliards de dirhams contre 29 milliards de dirhams arrêtés à fin 2022. Ces chiffres ont été relevés, lundi 24 juillet, lors de la présentation de la 19ème édition du rapport annuel sur la supervision bancaire de Bank Al-Maghrib par Hiba Zahoui, directrice de la supervision bancaire au sein de Bank Al-Maghrib. Une publication à travers laquelle la banque centrale dresse le bilan des activités du secteur des établissements de crédit et organismes assimilés. En effet, ces prêts de garantie ont été lancés en soutien au tissu entrepreneurial durant la crise sanitaire. « Damane Oxygène » a été mis en place pendant la phase de confinement en vue de répondre aux besoins de trésorerie des TPME et des entreprises de taille intermédiaire ayant connu une baisse d’activité en raison de la crise sanitaire. Ce dispositif a profité à 37.994 entreprises. Le montant décaissé à ce niveau s’est élevé à 13,8 milliards de dirhams dont 94 % transformés en crédits à moyen terme. Il ressort dans ce sens que 26,5 % du volume des crédits autorisés a été octroyé aux entreprises opérant dans le secteur des industries, 18,4 % dans le secteur du commerce et 18,1 % dans le secteur du BTP. Pour ce qui est de « Damane Relance », ce programme de financement a été mis en place au cours de la période post-confinement permettant à toutes les catégories d’entreprises de reprendre leurs activités dans ce contexte difficile. Ces prêts, remboursables sur une période n’excédant pas 7 ans dont 2 ans de différé maximum, ont profité en grande partie aux industriels. Se référant à Bank Al-Maghrib, 30,5 % du volume des crédits Relance autorisés a été octroyé aux entreprises opérant dans le secteur des industries contre 20,9% pour celles du commerce et 20% à celles du secteur du BTP. Il est à souligner qu’à fin 2022 le taux des créances en souffrance pour les prêts « Damane Oxygène » se situait autour de 8,8% alors que celui de « Damane Relance » était de 3,3 %. S’agissant des moratoires accordés par les établissements de crédit aux ménages et aux entreprises qui ont été affectés par la crise Covid sur le remboursement de leurs échéances de crédits, Bank Al-Maghrib indique que 76,8 % de ces crédits ont repris leur remboursement à fin 2022 tandis que 4,2 % ont été restructurés, 9,2 % présentent des impayés et 9,8% sont en défaut de paiement. Notons que le moratoire avait concerné un encours de crédits cumulé depuis le début de la crise de plus de 122 milliards de dirhams bénéficiant à hauteur de 69 milliards de dirhams aux ménages et 53 milliards de dirhams aux entreprises. Sur un autre registre, le montant des crédits « Intelaka » accordé à fin mai 2023 ressort à 8 milliards de dirhams profitant à 30.330 bénéficiaires dont 16 % de femmes et 18,3 % issus du milieu rural. A souligner que la structure de ce prêt est restée relativement stable à la tendance observée à fin 2022. Selon Bank Al-Maghrib, les crédits d’investissement représentent 89 % des financements des crédits Intelaka tandis que les 11 % restants sont des prêts de fonctionnement. La répartition par secteur place le commerce en tête avec 18 % de la structure globale des prêts au moment où l’agriculture détient 14 % des parts contre 11 % pour l’industrie et services, 9 % pour le tourisme et 5 % pour le BTP. Il est à noter que Casablanca-Settat a représenté une part de 26 % des crédits accordés. Rabat-Salé-Kénitra arrive en deuxième position avec 17 % des parts, suivie de la région de Fès-Meknès 12 % et Tanger-Tétouan-Al Hoceima 10%.

Un crédit bancaire en redressement
Parmi les tendances relevées dans le rapport annuel sur la supervision bancaire on cite l’accélération du crédit bancaire à 2022. Ce redressement est, selon la Banque centrale, à la hausse des besoins de financement des entreprises induits par le renchérissement des prix des matières premières et de l’énergie. En effet, les crédits aux entreprises non financières ont affiché durant 2022 une accélération au moment où ceux accordés aux ménages un ralentissement. «Après une hausse de 2,7 % en 2021, l’encours brut des crédits a augmenté de 6,5 %, à 1.060 milliards de dirhams. Rapporté au PIB, cet encours s’est établi à 80 %, soit 2 points en plus par rapport à 2021, en relation avec le ralentissement du PIB enregistré en 2022 », relève-t-on de la Banque centrale.
Dans les détails, l’encours des crédits aux entreprises non financières a vu son rythme de progression s’accélérer à 11,3 % après une hausse de 1,9 % en 2021. « Cette évolution reflète un accroissement de 10,1, % à 482 milliards de dirhams, pour les entreprises privées et de 22,7%, à 54,7 milliards DH, pour les entreprises publiques. Cet accroissement reflète la hausse significative des besoins de trésorerie des entreprises dans un contexte de hausse des prix des produits énergétiques et des matières premières à l’échelle internationale », explique Bank Al-Maghrib. En ce qui concerne les crédits aux ménages, ils se sont situés à 315,4 milliards de dirhams à fin 2022 marquant une décélération à 2 %, après 3,2 % un an auparavant.
La Banque centrale fait ressortir à cet effet une accélération des crédits bénéficiant au secteur privé à 923,3 milliards de dirhams marquant ainsi une hausse de 6,5 % contre 3,3 % une année plus tôt. Les prêts accordés au secteur public se sont redressés quant à eux à 6,4 % et ce après une baisse de 1 % en 2021.

Le secteur toujours solide
Se référant à Bank Al-Maghrib le secteur bancaire continue d’afficher une résilience et ce en dépit des difficultés conjoncturelles. Il est resté en effet solide en 2022. « Au niveau de la capitalisation, les banques ont dégagé un ratio moyen de solvabilité de 15,6 % et un ratio moyen de fonds propres de catégorie 1 de 12,4 % supérieurs aux minimas réglementaires de 12% et 9 %.
Le ratio de liquidité à court terme a continué d’évoluer à un niveau confortable ». En termes de rentabilité, le résultat cumulé des 11 groupes bancaires s’est consolidé de 15,5 %. Cette amélioration est portée par les performances des activités opérées à l’étranger. Sur base consolidée, le secteur bancaire a réalisé un total bilan en hausse de 8,3 %. Le Produit net bancaire s’est pour sa part redressé de 4,2 % à fin 2022 contre 3,8 % en 2021. Pour ce qui est du coût du risque, il a poursuivi son atténuation baissant de 16,8 % à fin 2022.

C’est le titre de la boite

Une performance avérée pour les banques participatives
Bilan . Bien que les banques et fenêtres participatives soient déficitaires, elles continuent d’afficher de bonnes performances. A fin 2022, leur produit net bancaire (PNB) s’est accru de 27 % pour atteindre les 666,6 millions de dirhams. Retraité des rémunérations versées aux titulaires de dépôts d’investissement et aux « Mouwakil15 », le PNB s’est établi à 875,3 millions de dirhams, en hausse de 28 %. La Banque centrale observe par ailleurs une amélioration soutenue du résultat brut d’exploitation agrégé du secteur participatif et ce en dépit du déficit. Il ressort ainsi à -74,3 millions de dirhams contre -175,6 millions de dirhams en 2021 et -321,1 millions de dirhams en 2020. De même, le coût du risque s’est établi à 30,3 millions de dirhams, contre 23,9 millions de dirhams une année auparavant et 26,8 millions de dirhams en 2020. « Le secteur a dégagé un résultat négatif de -129,3 millions de dirhams, après -206,8 millions de dirhams en 2021 et -350,9 millions de dirhams en 2020 », relève-t-on de Bank Al Maghrib. Il est à rappeler que les banques et les fenêtres participatives ont cumulé à fin 2022 un total bilan de 27 milliards de dirhams, en hausse de 22 % par rapport à l’année précédente, reflétant une croissance des financements destinés à la clientèle. Les financements participatifs sont constitués à 83 % de financements immobiliers, 11 % de financements à l’équipement et 6 % de financements à la consommation et de trésorerie.

Médiation et contrôle bancaires

En 2022, la Direction de la supervision bancaire a reçu 1.009 réclamations émanant de la clientèle, contre 1.210 en 2021 et 826 en 2020. Se référant à Bank Al-Maghrib, près de 54 % des réclamations reçues entrant dans le champ de compétences du Centre marocain de médiation bancaire (CMMB) lui ont été transférées pour traitement. « Les doléances portant sur le fonctionnement de comptes constituent la première source des réclamations reçues par Bank Al-Maghrib, totalisant 35 % et concernent principalement les contestations de soldes de compte, de frais et commissions et la clôture de compte. Celles portant sur les conditions de crédit ont représenté 33 % et celles relatives aux moyens de paiement, notamment l’utilisation des chèques, ont représenté 18 %. Près de 84 % des réclamations reçues émanent des personnes physiques contre 81 % en 2021 », indique Bank Al-Maghrib. Et de préciser que « le taux des réclamations dénouées en faveur des plaignants s’est établi à 63 %, au même niveau qu’en 2021 ». Du côté du Centre marocain de médiation bancaire, 3.687 dossiers complets ont été traités, en hausse de 9,7 %. « Les demandes de médiation bancaire sont principalement formulées par des clients personnes physiques (92 %). Elles concernent des opérations avec les banques à hauteur de 85 % et avec les sociétés de financement pour 15 % », relève-t-on à ce propos. Et d’ajouter que « 59 % des demandeurs de médiation sont concentrés au niveau de l’axe Casablanca-Rabat, sans changement par rapport à 2021 ». Dans les détails, 1.517 dossiers ont été résolus avec succès au moment où 1.118 dossiers n’ont pas abouti à un accord transactionnel de médiation. A noter que près de 43 % des réclamations reçues par le CMMB concernent les conditions de crédit, suivies de celles relatives au fonctionnement de compte (33,9 %) puis aux moyens de paiement (16,1 %). Pour ce qui est des contrôles et vérifications opérés, 7 sanctions disciplinaires et 5 sanctions pécuniaires ont été prononcées par Bank Al-Maghrib en 2022 à l’encontre de 6 banques et 2 sociétés de financement. Ces sanctions ont porté notamment sur des lacunes au niveau du dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, des défaillances constatées au niveau du système d’information, du dispositif de cybersécurité et des insuffisances dans la gestion des relations banques-clients.