Maroc

Effets de la sécheresse sur la saison agricole : Les précisions de Mohammed Sadiki

Au dernier bilan, les ressources hydriques affichent un repli de l’ordre de 83%, soit 600 millions de mètres cubes.

Agriculture : Le volume de pluviométrie durant l’actuelle saison agricole a atteint les 77 millimètres, en baisse de 54% comparé à la moyenne des 40 dernières années et de 44% comparé à la même période de l’année précédente.

Les effets de la rareté des pluies sur la saison agricole et le monde rural ont été au cœur de la séance des questions orales à la Chambre des représentants tenue lundi 15 janvier. Intervenant dans ce sens, Mohammed Sadiki, ministre de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, a fait part d’une augmentation de la fréquence de la sécheresse qui sévit depuis six années consécutives. En découle une baisse sans précédent du niveau des ressources hydriques, des réservoirs et des nappes phréatiques. Au dernier bilan, les ressources hydriques affichent un repli de l’ordre de 83%, soit 600 millions de mètres cubes. Par ailleurs, le volume de pluviométrie durant l’actuelle saison agricole a atteint les 77 millimètres, en baisse de 54% comparé à la moyenne des 40 dernières années et de 44% comparé à la même période de l’année précédente. Pour ce qui est de la moyenne des ressources hydriques des barrages, elle a baissé, selon le ministre, de 18 milliards de m3 pendant la période 1945 – 1980 à 14 milliards de m3 après 1980 et à moins de 5 milliards de m3 au cours des cinq dernières années. Quant aux grands périmètres d’irrigation, les surfaces agricoles sont limitées à 400.000 hectares, et ce sur un total de 750.000 hectares, soit une baisse de 44%. Le ministre assure dans ce sens que cette situation a eu un impact sur la dotation d’eau allouée aux grands périmètres irrigués.

Des subventions financières pour la gestion de la conjoncture

S’agissant des programmes agricoles, le ministre a mis l’accent sur l’adoption de plusieurs mesures pour accompagner les dispositifs en vigueur. Ces derniers couvrent l’ensemble des étapes des chaînes de production, incluant à la fois la gestion de la conjoncture et la poursuite du développement à travers la mise en œuvre de la stratégie «Génération Green». A cet égard, 655.000 quintaux de céréales subventionnées ont été plantés, avec une subvention financière de 1,8 milliard de dirhams couvrant entre 50 et 70% du prix d’achat des semences et des plants. Pour les tomates, cette subvention est répartie à 70.000 dirhams pour les plantations sous serres et 40.000 dirhams pour les champs. Elle s’élève, en outre, à 15.000 dirhams pour les semences certifiées, à 8.000 dirhams pour les semences ordinaires pour les pommes de terre et à 5.000 dirhams par hectare pour les semences certifiées et 4.000 dirhams pour les semences ordinaires pour les oignons. De même, la subvention du sucre a été fixée à 1.000 dirhams par hectare. Le ministre a assuré par ailleurs que des subventions importantes ont également été allouées aux engrais azotés importés, atteignant 240 dirhams par quintal pour l’ammonitrate, 330 dirhams par quintal pour l’urée et 150 dirhams pour l’ammonium. De plus, le programme national du semis direct de céréales a été poursuivi avec la plantation de 106.000 hectares sur un total de 200.000 hectares prévus cette année et la remise à titre gracieux de plus de 131 semoirs aux coopératives. S’agissant des filières de production animale, la tutelle poursuit la subvention de l’orge à raison de 200 dirhams par quintal et l’adoption d’une approche de distribution en circuit ouvert d’un coût total de 2,8 milliards de dirhams, ainsi que le soutien aux aliments composés destinés aux vaches laitières à hauteur de 250 dirhams par quintal pour un coût total de 1,1 milliard de dirhams, en plus du programme d’approvisionnement du bétail en eau par l’aménagement de points d’eau.

2,8 millions d’hectares emblavés au titre de l’actuelle campagne

Le ministre a également dressé un bilan des cultures d’automne. Au titre de la campagne agricole 2023-2024, la superficie emblavée en cultures d’automne a atteint 2,8 millions d’hectares. 2,3 millions d’hectares de la superficie globale sont destinés aux céréales, dont seulement 7% sont irrigués, en plus des cultures des légumineuses. Se référant au ministre, le programme de culture des légumes d’automne a été réalisé dans les zones irriguées sur une superficie de 90.600 hectares, soit 90% du programme défini. Il concerne les pommes de terre (25.500 hectares), les oignons (10.000 hectares) et les tomates (3.186 hectares). En ce qui concerne les cultures hivernales, M. Sadiki a indiqué que les superficies emblavées atteignent 11.000 hectares sur un total de 67.000 hectares prévus. Selon le ministre, ces cultures permettront de produire différentes variétés de légumes pour couvrir les besoins de consommation intérieure jusqu’à juin de l’année en cours, notamment pendant le mois de Ramadan. Pour ce qui est des cultures sucrières, elles ont atteint 22.500 hectares, soit 42% de la superficie programmée pour l’année en cours.

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Dessalement de l’eau de mer pour des fins agricoles : Le chantier enclenché

Irrigation. Parmi les axes débattus lors de l’intervention de Mohammed Sadiki à la Chambre des représentants on cite les programmes de dessalement de l’eau de mer destinés au secteur agricole. Le ministre a saisi l’occasion pour mettre en exergue les efforts déployés par le ministère dans ce domaine. On énumère dans ce sens la création de la première station de dessalement de l’eau de mer dans la région du Souss-Massa, à Chtouka, sur une superficie de 15.000 hectares ainsi que l’approvisionnement de la ville d’Agadir en eau potable, d’un coût total de 4,4 milliards de dirhams dont 1,585 milliard de dirhams de contribution de l’État. Le ministre a également fait savoir que les travaux de construction d’une station de dessalement de l’eau de mer alimentée par l’énergie éolienne, dont la mise en service est prévue pour juin 2025, ont commencé dans la région de Dakhla-Oued Eddahab, pour l’irrigation d’une nouvelle superficie de 5.200 hectares et l’approvisionnement de la ville de Dakhla et ses environs en eau potable, d’un coût total de 2,5 milliards de dirhams, dont 1,53 milliard de dirhams de contribution de l’État.

De même, le ministre a assuré que des études portant sur des projets d’irrigation par dessalement de l’eau de mer dans d’autres régions ont été lancées. Ces projets comprennent la création d’un bassin agricole dans la région de Chbika, dans la province de Tan-Tan, sur une superficie de 5.000 hectares, via la construction d’une station de dessalement d’une capacité annuelle de 47 millions de mètres cubes pour un coût estimé à 2,2 milliards de dirhams. Il s’agit également du projet de la zone d’irrigation de Sidi Rahal, connectée à la station de dessalement de l’eau de mer à Casablanca, dont la mise en service est prévue en 2027, qui devrait fournir de l’eau potable à la ville de Casablanca, et élargir le réseau d’irrigation sur une superficie de 8.000 hectares. M. Sadiki a, en outre, relevé que des études de faisabilité ont été lancées par son département pour de nouveaux projets d’irrigation à travers la création de nouvelles stations de dessalement dans les régions de l’Oriental, de Taroudant, de Tiznit, de Laâyoune, de Boujdour, d’Essaouira/Chichaoua et de Oualidia, sur une superficie totale d’environ 100.000 hectares.