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Un Russe séparé de sa fille de 13 ans pour un dessin : l’affaire qui suscite une vive indignation en Russie

Cette affaire suscite une vive indignation depuis plusieurs semaines en Russie, devenant l’un des symboles de la répression sans merci contre ceux qui s’opposent à l’opération militaire lancée il y a plus d’un an par le Kremlin en Ukraine.

Mais elle a pris un nouveau tour mardi lorsque le tribunal d’Efremov, à 300 km au sud de Moscou, a annoncé que le prévenu Alexeï Moskaliov, placé en résidence surveillée depuis mars, s’était volatilisé.

« Le verdict a été lu en l’absence du prévenu, car il a disparu et ne s’est pas présenté à l’audience », a déclaré à l’AFP la responsable de la communication du tribunal, Elena Mikhaïlovskaïa.

Peu avant, la cour avait reconnu M. Moskaliov, 54 ans, coupable d’avoir « discrédité » les forces armées russes, le condamnant à deux ans d’emprisonnement, soit la peine requise la veille par le procureur.

Il était placé en résidence surveillée depuis le 1er mars.

Selon une responsable du service de presse du tribunal, « il s’est enfui la nuit dernière », a simplement dit à des journalistes Olga Diatchouk, selon une vidéo relayée par plusieurs médias russes.

Interrogé par l’AFP, son avocat, Vladimir Bilienko, a dit l’avoir vu la dernière fois lundi.

L’ONG Memorial a dénoncé dans un communiqué « la répression » visant M. Moskaliov et sa fille, y voyant « une tentative d’intimider tous les opposants à la guerre ».

« Nous considérons M. Moskaliov comme un prisonnier politique » en fuite, a appuyé l’ONG dissoute l’an passé par la justice russe.

(FILES) In this file photo taken on March 23, 2023 Alexei Moskalyov, 54, a single parent of Maria Moskalyova, the 13-year-old girl who drew a picture critical of Moscow's military campaign in Ukraine at school in April last year, looks out through the window of his flat after he was placed under house for repeating Ukraine posts discrediting the Russian army, in the town of Yefremov in the Tula region. - A Russian court on March 28, 2023 jailed a single father over his comments about Moscow's Ukraine offensive, in a case that was launched after his daughter made a Ukraine-related drawing at school. (Photo by Natalia KOLESNIKOVA / AFP)
(FILES) In this file photo taken on March 23, 2023 Alexei Moskalyov, 54, a single parent of Maria Moskalyova, the 13-year-old girl who drew a picture critical of Moscow’s military campaign in Ukraine at school in April last year, looks out through the window of his flat after he was placed under house for repeating Ukraine posts discrediting the Russian army, in the town of Yefremov in the Tula region. – A Russian court on March 28, 2023 jailed a single father over his comments about Moscow’s Ukraine offensive, in a case that was launched after his daughter made a Ukraine-related drawing at school. (Photo by Natalia KOLESNIKOVA / AFP) ©AFP or licensors

Dénoncée par l’école

L’affaire a débuté lorsque la fille de M. Moskaliov, Maria, une collégienne âgée de 13 ans, a fait un dessin en classe montrant des missiles se dirigeant vers une femme et un enfant avec un drapeau ukrainien.

Dans un contexte de chasse tous azimuts aux voix critiques de l’offensive en Ukraine, la directrice de l’école a immédiatement alerté la police.

Lors de leur enquête sur le père, les autorités disent avoir trouvé des publications en ligne critiquant l’opération en Ukraine, ce qui lui a valu des poursuites pour avoir « discrédité l’armée » russe.

M. Moskaliov a été assigné à résidence le 1er mars et sa fille placée dans un foyer et privée de tout contact avec son père.

L’avenir de la famille se jouera d’ailleurs lors d’un autre procès, qui débute le 6 avril, et lors duquel M. Moskaliov risque d’être définitivement privé de son autorité parentale.

Son avocat a indiqué mardi à l’AFP que Maria Moskaliova avait été placée sous tutelle et qu’elle pourrait être « envoyée dans un orphelinat d’ici un mois ».

Signe de l’indignation suscitée par cette affaire, une pétition a été lancée en ligne, malgré la pression des autorités, pour demander le retour de l’enfant chez son père.

Même le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, dont les hommes combattent en première ligne en Ukraine, a apporté son soutien à Maria et critiqué les autorités locales.

Cette affaire montre l’ampleur prise par la répression orchestrée par le Kremlin en parallèle du conflit en Ukraine.

Peu après le début de son offensive qui a débuté en février 2022, la Russie a introduit une série de sanctions pénales pour réprimer toute forme de critique à l’égard de l’armée.

Des opposants de renom et de simple citoyens ont été arrêtés, et certains déjà jugés et condamnés.