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Pita Limjaroenrat, le potentiel nouveau visage de la politique thaïlandaise

Ensemble, Move Forward et l’autre grand parti d’opposition, Pheu Thai, lié aux anciens Premiers ministres Thaksin et Yingluck Shinawatra, ont remporté vingt-cinq millions de voix, cinq fois plus que le Parti de la Nation thaïlandaise du général Prayut Chan-o-cha, au pouvoir depuis le coup d’État du 22 mai 2014. L’armée n’en reste pas moins incontournable, notamment en mobilisant les 250 sénateurs qu’elle choisit directement, ce qui obligera l’opposition à former une coalition pour réunir les 376 sièges nécessaires à l’Assemblée nationale pour désigner le futur Premier ministre. Ou en brandissant la menace d’un nouveau putsch – le pays en a connu près d’une vingtaine depuis l’instauration d’une monarchie constitutionnelle en 1932.

Or, les relations avec l’oligarchie militaire s’annoncent orageuses. La victoire écrasante de l’opposition sonne comme un désaveu cuisant pour la junte, et Pita a promis des réformes ambitieuses pour remettre la démocratie sur les rails. De l’abrogation de la conscription à la révision du crime de lèse-majesté (réprimé par une loi draconienne), ses intentions inquiètent l’élite militaro-royaliste. Toutefois, comme le Pheu Thai semble réticent à le suivre dans cette voie, le chef du gouvernement pourrait se concentrer, dans l’immédiat, sur la relance d’une économie thaïlandaise en petite forme avec une agriculture défaillante et une industrie touristique frappée de plein fouet par la pandémie. Pita peut revendiquer une expertise en la matière, lui qui a redressé l’entreprise agroalimentaire familiale, avant de diriger la filiale thaïlandaise de l’application de livraison de nourriture Grab.