France

Retraites : La gauche sénatoriale dit vouloir « pousser » pour que le « texte ne soit pas soumis au vote »

Les sénateurs de gauche entendent « pousser » le débat sur le projet de réforme de retraites, en espérant que le texte ne soit « pas soumis au vote » faute de temps, ont expliqué les chefs des trois groupes lors d’une conférence de presse vendredi.

La « mission est de pousser le débat pour que ce texte ne soit pas soumis au vote », a prévenu la présidente du groupe CRCE à majorité communiste Eliane Assassi, entourée des chefs de file des socialistes, Patrick Kanner, et des écologistes, Guillaume Gontard. Les sénateurs réagissaient à la décision du gouvernement, ce vendredi, de dégainer un article de la Constitution pour accélérer les débats, qui sont prévus pour durer jusqu’à dimanche.

« Aveu de faiblesse », « coup de force »

Pour contrer l’« opposition méthodique » de la gauche, le ministre du Travail Olivier Dussopt a en effet dégainé ce vendredi l’arme constitutionnelle du vote unique devant le Sénat qui va devoir se prononcer en une seule fois sur l’ensemble du projet de loi. Cet article 44.3 va permettre que le Sénat se prononce par un seul vote sur l’ensemble de la réforme, en ne retenant que les amendements proposés ou acceptés par le gouvernement, au nombre de 70 environ sur la suite des articles en discussion, afin d’« améliorer le texte » selon le ministre du Travail.

« Au moment où le 44 alinéa 3 a été dégainé, il restait 1.000 amendements à présenter devant le Sénat. Le gouvernement a décidé de préempter 70 amendements. Cela n’empêche pas de pouvoir présenter » les autres sans en débattre, a souligné Patrick Kanner. « Le président [LR du Sénat Gérard] Larcher nous a dit qu’il présiderait tous les débats du dimanche. C’est un indice » sur le jour du vote éventuel au Sénat, a-t-il relevé.

Les débats ont repris en séance avec la présentation des amendements de gauche, sans débat ni vote, et des rappels au règlement sur « l’acte d’autorité sinon d’autoritarisme » du gouvernement, et un débat devenu un « théâtre d’ombres » (Eric Kerrouche, PS).

Pas débattus, ni votés… mais au moins présentés

« Aveu de faiblesse », « coup de force » : la gauche s’est aussitôt élevée contre ce recours. Et compte répliquer avec ses munitions restantes, à savoir le millier d’amendements qui restaient en discussion.

Si ceux-ci ne pourront pas être débattus ni votés, ils peuvent toutefois encore être simplement présentés par leurs auteurs. Une façon de gagner du temps… et de laisser espérer à la gauche que le texte « ne soit pas soumis au vote » avant l’échéance prévue de dimanche à minuit.