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Le Kremlin aurait été touché par deux drones

Un bâtiment hyper protégé

L’image est insolite car le Kremlin est le bâtiment le plus protégé du pays. Il abrite plusieurs musées, le Sénat, le Palais présidentiel et le siège du FSO, ces hommes chargés de la protection des hautes personnalités. Depuis quelques jours, plus tôt que les autres années, la place rouge adjacente est fermée au public en prévision de la parade militaire du 9 mai, précédée par plusieurs répétitions. Les autorités ont annoncé maintenir ce défilé qui se fera, cette année, sans l’aviation.

Mercredi, Vladimir Poutine, qui se rend très rarement au Kremlin, n’était pas sur place. Il était dans sa résidence de Novo-Ogarievo, en périphérie de la capitale, récemment équipée par l’armée d’un système de défense sol-air. Le service de presse du Kremlin, à l’origine de l’annonce officielle de cette faille des services de sécurité, n’a pourtant pas hésité à parler d’une “tentative d’acte terroriste planifié” et accusé l’Ukraine d’avoir voulu assassiner Vladimir Poutine.

Une pluie de drones

De fait, l’Ukraine, qui, comme toujours, a nié être derrière cette attaque mercredi, envoie de nombreux drones en direction de la capitale depuis plusieurs mois. La cible de ces drones, souvent retrouvés en forêt ou dans les champs dans les environs de Kalouga, à une centaine de kilomètres de la capitale, est inconnue. L’Ukraine tentait-elle de viser des infrastructures militaires de la capitale ou de frapper symboliquement en plein cœur du pouvoir russe ? Si tel était le cas, à quelques jours d’une contre-offensive crainte par Moscou, le coup est réussi. D’autant plus que mercredi matin, Kiev, a également visé avec succès un dépôt pétrolier situé à quelques kilomètres du pont de Crimée. Samedi, c’est un autre dépôt situé en Crimée, à proximité de Sébastopol, qui avait été touché. En novembre dernier, l’Ukraine était parvenue à endommager un autre symbole du régime de Vladimir Poutine, le pont de Crimée.

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Mise en scène ?

Mais de nombreuses questions demeurent sur les drones de Moscou. La théorie d’une mise en scène par les services de sécurité n’est pas à balayer. La technique de la “provocation” organisée par le FSB est éprouvée en Russie. D’après plusieurs médias russes en exil bien renseignés, le Kremlin aurait envoyé des consignes aux télévisions d’État pour les “aider” à couvrir une éventuelle débâcle de l’armée dans le Donbass. La contre-offensive ukrainienne est crainte, l’ennemi doit être présenté comme difficile à battre car “soutenue par l’OTAN”.

Dans le même temps, le président russe est soupçonné de vouloir mobiliser sa population par la terreur. Des menaces d’attentats, vagues, planent sur la capitale depuis plusieurs mois. Les autorités ont concrétisé ces menaces la semaine dernière en annulant de nombreux défilés militaires le 9 mai prochain, ainsi que la grande marche populaire qui réunit d’ordinaire des centaines de milliers de Russes dans les rues de la capitale. Ces attaques de drones, des modèles qui n’ont pu être lancés que depuis les environs du Kremlin rendent d’autant plus plausible la thèse d’une mise en scène ou l’acte de partisans ukrainiens depuis le territoire russe.

Dans tous les cas, ces images portent un nouveau coup à l’image de l’armée russe et de son système de défense antiaérienne. Une image mise à mal quasiment quotidiennement par la chute de roquettes et missiles ukrainiens sur le territoire russe, dans la région de Belgorod que les militaires semblent incapables d’intercepter à temps.