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L’Algérie dévoile un plan pour faire face à la sécheresse et au stress hydrique

Le gouvernement algérien dévoile son plan visant à faire face à la sécheresse et au stress hydrique, engendré par la rareté des pluies. Face au manque de pluies en hiver et durant les deux premiers mois du printemps, les ministères algériens de l’Hydraulique et de l’Agriculture ont présenté, mercredi 26 avril , les mesures prises pour atténuer l’impact déjà très visible sur les périmètres agricoles.

Dans plusieurs régions du nord du pays, particulièrement les zones connues pour leur production du blé et des céréales, alertent les agriculteurs contactés par Anadolu, les récoltes sont sérieusement menacées et les champs commencent à sécher avant terme. Dans des localités à l’ouest du pays, la campagne de la moisson a été lancée dès ce mois d’avril, ce qui est inédit. Habituellement, les grands apports en pluies en Algérie, selon les climatologues, sont enregistrés durant les mois de mars et avril. Ce n’est pas le cas cette année, où les 80 barrages du pays n’ont été remplis en moyenne qu’à 30%.

Devant cette situation, selon les deux ministères, des mesures d’urgence ont été adoptées en faveur des agriculteurs, « notamment à travers le recours à l’irrigation d’appoint et au forage des puits avec l’utilisation des systèmes d’irrigation économes d’eau qui permettent d’économiser jusqu’à 70% de cette ressource hydrique et d’obtenir de meilleurs résultats ».

La menace pèse aussi sur l’alimentation en eau potable des populations. Le gouvernement tente d’anticiper avant l’arrivée de l’été en mettant en place, selon le ministre de l’Hydraulique « un programme d’urgence d’approvisionnement en eau potable, comprenant des mesures pour pallier le stress hydrique au niveau de 19 wilayas (départements) les plus impactées par le déficit pluviométrique.

Le programme vise également, selon le gouvernement algérien, « à garantir la sécurité hydrique sur les court et moyen termes ». L’Algérie connaît, selon le professeur Ahmed Kettab, expert et consultant international en matière de gestion de l’eau, une diminution des précipitations de l’ordre de 30% en Algérie durant les 20 dernières années.

« Les études ont été faites. Depuis pratiquement 20 ans, on est en situation de sécheresse. A l’Ouest, les précipitations avaient diminué de 25 à 30%. En 2022 et 2023, c’est de l’ordre de 40%. Au Centre, un peu moins, 30%, et à l’Est, encore un peu moins. Globalement en Algérie, ces 20 dernières années, les précipitations ont diminué de 30% », a-t-il déclaré en janvier dernier sur les ondes de la radio publique.

Selon lui, » la sécheresse est là. On le voit au niveau mondial ». « Vous prenez l’Europe, notamment les pays du sud de ce continent : la France, l’Espagne, l’Italie, ont des problèmes de sécheresse actuellement. Donc, c’est un problème au niveau mondial ».

Et d’ajouter : « Nous sommes actuellement, au niveau mondial, en situation de sécheresse qui est plus marquante dans la zone Mena, l’Algérie, la Tunisie, la Mauritanie et la Libye qui connaissent présentement ce problème ».

Citant les études du GIEC (groupe intergouvernemental sur les changements climatiques), l’expert rappelle que les prévisions pour les années à venir évoquent des températures de plus en plus élevées, notamment dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du nord) ainsi qu’au sud de l’Europe, induisant une plus forte évaporation des eaux de surface. « Certaines villes de notre sud ont déjà connu des températures de 50% », a-t-il relevé. En 2022, rappelons-le, les autorités ont décidé de rationner la distribution de l’eau dans les grandes villes, comme la capitale Alger, en adoptant le système d’alimentation des foyers pendant seulement quelques heures par jour.