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La Suède serre la vis autour des demandeurs d’asile

Les dernières élections législatives de septembre dernier ont reflété ce climat ambiant hostile aux migrants. Symptomatique des préoccupations de la population vis-à-vis de l’immigration, la poussée spectaculaire des Démocrates de Suède (SD) parti d’extrême droite, devenu le deuxième du Riksdag, le Parlement, avec 20 % des voix, a changé la donne. Le succès électoral populiste de SD a contribué à la défaite des sociaux-démocrates et au retour de la droite au pouvoir avec pour mot d’ordre: donner un coup de frein à l’immigration des demandeurs d’asile.

« Changement de paradigme »

Jimmie Åkesson, président de SD, a marqué de son empreinte la feuille de route du nouveau gouvernement (conservateurs, chrétiens-démocrates et libéraux) basée sur un accord de 63 pages dont un tiers est consacré à l’immigration, signalant un changement de cap radical de la politique d’asile du pays. ”C’est un changement de paradigme historique de notre politique migratoire” qui est “soutenu par les trois partis de la coalition et SD” selon la ministre de l’Immigration Maria Malmer Stenergard, soulignant que “pendant très longtemps, la Suède a eu des règles très généreuses en matière d’immigration. Nous allons changer d’orientation pour nous concentrer davantage sur l’immigration de main-d’œuvre hautement qualifiée et réduire l’immigration liée à l’asile”.

Figure de proue de ce changement de paradigme, Mme Stenergard (du parti conservateur), une juriste de 43 ans, a lancé une campagne internationale de sensibilisation pour justifier ce “durcissement migratoire nécessaire”. Dans un texte et une vidéo diffusés sur les sites du gouvernement suédois, elle en explique les raisons, comptant ainsi dissuader les réfugiés en dissipant l’image qu’ils se font de la paradisiaque Suède. “Les migrants sont bien informés, ce qui explique pourquoi ils étaient 163 000 en 2015 à rejoindre la froide Suède aux règles généreuses d’accueil.”

”La Suède ne sera plus aussi généreuse qu’avant. C’est le message que j’entends propager dans les ambassades étrangères et les médias”, confie-t-elle à La Libre, soulignant son objectif de “réduire l’immigration liée à l’asile tout en respectant le minimum requis par l’UE et les conventions internationales” et assurant qu’elle “fera tout ce qui est nécessaire pour parvenir à une diminution drastique” . Elle justifie ces mesures restrictives par “l’échec d’une politique d’intégration peu exigeante et par une immigration excessive pendant de nombreuses années, créant des sociétés parallèles d’exclusion qui divisent notre pays”.

Fin du statut de résident

La première étape de ce changement consiste à diminuer les quotas de réfugiés de l’Onu. “De 5000 à 900 par an en accordant la priorité aux enfants, aux femmes et aux personnes LGBTQ. Mais nous sommes toujours l’un des pays européens qui en accueille le plus par habitant”, rappelle-t-elle.

Parmi d’autres mesures prônées par l’accord des partis du gouvernement avec l’extrême droite, le placement des demandeurs d’asile dans des centres de transit et non plus dans des logements payés par l’Office des migrations pendant l’examen de leurs demandes. Et la fin du statut de résident permanent pour les réfugiés, “appelés à retourner dans leurs pays si la paix est revenue et qu’ils n’ont plus besoin de protection“, selon Mme Stenergard.

Autre signe de durcissement, elle a exhorté l’Office des migrations à examiner les moyens d’accroître les retours volontaires pour “des groupes d’immigrés arrivés au cours des dernières décennies qui n’ont pas réussi à s’intégrer dans la société”, faisant référence à ceux issus de pays musulmans.