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La Moldavie déjoue un plan russe de déstabilisation du pays, mais reste sous haute tension

Selon la police nationale moldave, qui a obtenu ces informations grâce à un agent infiltré dans le groupuscule, des services spécialisés de la Russie étaient directement à la manœuvre. L’idée était de répartir dix agitateurs – payés 10 000 dollars chacun et recrutés parmi les personnes ayant un casier judiciaire et les milieux sportifs – dans dix groupes différents de manifestants, dans le but de faire dégénérer la situation. L’objectif de Moscou, dénoncé déjà en février par la Moldavie, serait de provoquer des scènes de violence extrême et d’attiser les tensions sociales au point de forcer le gouvernement et la présidente pro-occidentale Maia Sandu à la démission. But de la manœuvre : installer au pouvoir des forces inféodées à la Russie et bloquer la marche de la Moldavie vers l’Union européenne.

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Des ressortissants étrangers interdits d’entrée

Ce pays voisin de l’Ukraine est confronté depuis des mois à une énorme pression russe. Le Kremlin a procédé à un “chantage énergétique”, en diminuant de moitié ses livraisons de gaz à la Moldavie. Mais si le pays était quasi entièrement dépendant de l’énergie russe, ses dirigeants proeuropéens ont tenu bon, en essayant de fournir un soutien financier à leurs concitoyens et de diversifier rapidement les fournisseurs de gaz. Moscou chercherait donc désormais à créer de l’instabilité et fomenter un coup d’État, grâce à ses pions politiques moldaves et à des agents étrangers. Au cours de la semaine dernière, la police des frontières a bloqué l’entrée de 182 ressortissants étrangers, dont “un possible membre” du groupe paramilitaire russe Wagner.

Pendant ce temps, les forces prorusses continuent d’organiser systématiquement des manifestations antigouvernementales. Dimanche, entre 2000 et 3000 personnes se sont donc rassemblées à Chisinau, pour exiger le remboursement de leurs factures d’énergie et la démission de Maia Sandu. Quelques altercations entre les protestataires et les forces de l’ordre ont été observées. Au total, 54 participants, dont 21 mineurs, ayant un comportement douteux et en possession d’objets interdits, ont été emmenés au poste de police. La journée de dimanche a également été marquée par quatre alertes à la bombe à Chisinau, que les forces de l’ordre interprètent comme étant une autre stratégie russe de déstabilisation.

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Les Moldaves vivent sous tension, alors que le scénario d’un élargissement du conflit ukrainien à leur pays ne peut être totalement écarté. Des missiles et des drones russes ont plusieurs fois survolé le territoire moldave. Fin février, la compagnie aérienne low cost WizzAir a ainsi décidé de suspendre ses vols vers la Moldavie à partir de mi-mars, évoquant “les récents développements et le risque élevé, mais non imminent, dans l’espace aérien du pays”.

Les Occidentaux cherchent activement des moyens pour soutenir davantage Chisinau. L’Union européenne envisage ainsi “le déploiement éventuel d’une mission civile de conseil en Moldavie”, afin de renforcer ses capacités en matière de sécurité, a expliqué lundi Peter Stano, porte-parole du Service européen d’action extérieure, constatant que le pays “est de plus en plus la cible des actions malveillantes de la Russie”. De leur côté, les autorités moldaves ont demandé à l’UE de leur fournir des systèmes de défense aérienne, via la Facilité européenne pour la paix, qui sert également à financer la livraison d’armes à l’Ukraine.