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Guerre en Ukraine: « Si la Chine prend cette décision funeste, il y a un effet stratégique majeur sur le conflit »

« Si la Chine prend cette décision funeste, il y a un effet stratégique majeur sur le conflit », a prévenu un conseiller du chef de l’État français. « Nous souhaitons éviter le pire et c’est la raison pour laquelle il faut les engager, pour leur présenter notre position », a-t-il ajouté devant quelques journalistes.

La cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna avait déjà fait savoir jeudi que le président préviendrait les dirigeants chinois « qu’il est essentiel de s’abstenir » de soutenir l’effort de guerre russe.

Dans l’immédiat, Emmanuel Macron veut tenter de « trouver un espace » avec Pékin pour des « initiatives » afin de « soutenir la population civile » ukrainienne, mais aussi « identifier un chemin à moyen terme pour une issue au conflit », a dit la présidence française en présentant les objectifs de cette visite d’État.

Selon Paris, ce dialogue est d’autant plus crucial que « la Chine est le seul pays au monde en mesure d’avoir un impact immédiat et radical sur le conflit, dans un sens ou dans l’autre ».

La France espérait encore récemment convaincre le président chinois d’exercer son « influence » sur son homologue russe Vladimir Poutine pour le pousser vers une issue négociée au conflit. Voire qu’il joue « un rôle de médiation ».

Mais la visite de Xi Jinping à Moscou il y a dix jours, au cours de laquelle les deux dirigeants ont loué leur relation « spéciale » et attaqué vivement l’Occident, semble avoir poussé les autorités françaises à revoir leurs ambitions à la baisse. « Nous sommes très lucides », a assuré la présidence française, relevant notamment que la Chine n’a pas l’intention de condamner la Russie.

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Emmanuel Macron se rend de mercredi à vendredi en Chine pour mettre en musique cette « démarche de réengagement » après une longue période sans contacts personnels en raison du Covid-19, rompue par une rencontre avec Xi Jinping en novembre en marge d’un sommet en Indonésie.

Il est attendu mercredi après-midi dans la capitale chinoise, où il rencontrera une communauté française éprouvée par de longues restrictions liées à la pandémie, levées seulement fin 2022.

« Autre voie »

Jeudi, avant un dîner d’État, il rencontrera les dirigeants chinois, avec un tête-à-tête prévu avec le président Xi et une séquence en commun aussi avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui sera auparavant lundi à l’Élysée pour préparer la visite commune avec Emmanuel Macron.

Enfin, le chef de l’État se rendra vendredi à Canton, où il échangera avec des étudiants chinois et terminera sa visite par un « moment privilégié » pour le dîner avec Xi Jinping, « dans un endroit choisi » par ce dernier, selon l’Élysée.

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Emmanuel Macron sera accompagné par une soixantaine de patrons d’entreprises françaises, dont ceux d’Airbus, EDF, Alstom ou Véolia, avec un accent mis sur la transition énergétique. Des signatures de contrats sont attendues, a dit l’exécutif français sans les détailler.

Le président entend continuer à pousser pour « un meilleur accès au marché chinois » et « des conditions équitables de concurrence », comme lors de ses deux précédentes visites en Chine en 2018 et 2019, a expliqué son entourage.

Emmanuel Macron, qui selon son entourage soulèvera la question des droits de l’Homme avec Xi Jinping, veut enfin renouer les contacts humains, notamment dans le domaine culturel et les échanges entre étudiants des deux pays.

Alors que la compétition entre la Chine et les États-Unis, les deux premières puissances mondiales, risque de virer à la confrontation, la France assume de porter une « autre voie » dans la relation avec le géant asiatique.

« Nous sommes un allié des Américains. Il n’y a pas d’équidistance entre la Chine et les États-Unis », a assuré le conseiller présidentiel français. Mais « nous n’avons pas les mêmes positions que les États-Unis vis-à-vis de la Chine, parce que nous n’avons pas les mêmes intérêts », « nous n’avons pas la même géographie » ni « les mêmes alliances que les Américains dans le Pacifique ».

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