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En Iran, deux femmes attaquées au yaourt pour non-respect du port du foulard

On y voit une dame, dont le hidjab laisse apparaître l’avant de sa coiffure, et sa fille, sans foulard, faire la file dans une échoppe de produits laitiers. Un homme arrive et les prend vigoureusement à partie puis saisit un gros pot de yaourt dont il projette sans ménagement le contenu sur les cheveux de la fille puis sur la tête de sa mère. Surprises, les deux femmes restent sans réaction alors que l’assaillant est vigoureusement repoussé dans la rue par deux hommes présents dans le commerce, dont le propriétaire des lieux.

L’incident s’est terminé par l’arrestation des deux femmes au motif qu’elles n’ont pas observé l’obligation de porter le foulard réglementaire. L’homme au pot de yaourt a lui aussi été privé de liberté pour avoir troublé l’ordre public et commis un acte insultant. Quant au commerçant qui a expulsé le client indélicat, il a été mis en garde et sommé de s’expliquer devant un tribunal.

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”Sans pitié”

Suite à la rapide diffusion de ce nouveau cas d’insoumission au code vestimentaire, le président Ebrahim Raïssi a rappelé samedi dernier dans une intervention à la télévision d’État, que le hidjab est une “obligation légale” même si “certaines personnes disent qu’elles n’y croient pas”, et qu’il est “bon de faire usage de persuasion” pour rappeler son caractère obligatoire. “Se dévoiler équivaut à être hostile à nos valeurs”, a quant à lui souligné son successeur à la tête de Justice du pays, Gholamhossein Mohseni Ejei, ajoutant que les autorités poursuivront “sans pitié” et avec des sanctions plus sévères les femmes qui apparaissent non voilées en public. Jusqu’ici, les contrevenantes sont passibles d’amende, de réprimande publique et d’arrestation.

Cela fait des années que des Iraniennes organisent des actions publiques d’insoumission à ce code vestimentaire présenté comme “un des principes de la République islamique” et “une des bases civilisationnelles de la nation iranienne”, a encore rappelé la semaine dernière le ministère de l’Intérieur. Des photos et vidéos pullulent où l’on voit des femmes retirer crânement ou subrepticement leur hidjab, le jeter en l’air ou par terre, voire le brûler. D’autres ont même tenté la démonstration par l’absurde, en se coupant les cheveux très court afin de ne plus avoir de chevelure à dissimuler et, dès lors, de raison de respecter l’injonction…

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Attitudes frondeuses

Pour ces Iraniennes, l’objectif de ces actions consiste à reprendre possession de leur corps et militer pour le droit de pouvoir s’habiller comme elles le souhaitent, de porter le foulard ou pas. La mort en détention de la jeune étudiante Mahsa Amini, mi-septembre dernier suite à son arrestation pour non-respect du code vestimentaire, a provoqué un large mouvement de contestation des autorités et des codes en vigueur à travers de manifestations de masse observées dans tout le pays. Avec un engouement particulier chez les plus jeunes.

Face à ces attitudes frondeuses, le ministère de l’Éducation a annoncé lundi qu’il allait renforcer l’obligation de porter le voile dans les écoles et les universités. Avec la peine suivante à la clé : les étudiantes qui contreviendraient à cette règle ne seront plus autorisées à assister aux cours.