”Cela constitue un tournant dramatique”: en Russie, l’opinion publique concernant la guerre en Ukraine semble se retourner
L’un des éléments analysés par Greg Yudin, le chef du département de philosophie politique d’une école supérieure à Moscou, est le discours tenu par la population russe. Le terme “défaite” apparaît de plus en plus dans la bouche des Russes.
”Cet effet de cohésion est un leurre »: le discours de Poutine et les célébrations à Moscou marqués par plusieurs failles
”Un indicateur important pour moi est la fréquence à laquelle les Russes évoquent une possible défaite. Cela arrive souvent maintenant. Cela constitue un tournant dramatique en comparaison des premiers mois de la guerre”, écrit le professeur sur Twitter.
Il explique qu’avant, même si de nombreux Russes considéraient l’invasion comme “insensée”, le terme « défaite » ne faisait pas partie du vocabulaire des conversations évoquant la guerre. Ce n’est plus le cas actuellement selon Greg Yudin qui révèle que même chez les soutiens de Poutine, le discours a changé. ”Si l’on prend l’exemple de Kadyrov ou de Prigojine, on peut lire entre les lignes de leurs discours. Ils laissent transparaître dans leurs propos que la guerre devient de plus en plus compliquée à gérer.”
L’expert en politique a également analysé le discours d’Andrey Kovalev, l’un des grands oligarques russes, qui est révélateur de l’atmosphère de soutien à la guerre en Russie. Il tire le même constat pour le moral des troupes russes qui est de plus en plus bas. “Je ne serais pas surpris que l’armée russe s’effondre après l’un ou l’autre échec.”
Même si Poutine parvient encore à recruter dans ses rangs, Greg Yudin affirme que le recrutement est affecté par la situation compliquée de la guerre. Les motivés se font de plus en plus rare. « Personne ne veut faire part d’une armée qui est en train de perdre. »
Cependant, le chef du département de philosophie politique explique qu’il ne s’agit là que de signes prématurés et que Poutine fera tout pour tuer dans l’oeuf toute démotivation. Il le fera notamment dans un discours de désinformation concernant le sort du pays, à savoir que la Russie risque d’être envahie si elle ne gagne pas la guerre. « De nombreux Russes se sentent menacés par les forces de l’OTAN. Ils me disent : ‘Si l’on ne prend pas Kiev, c’est Moscou qui tombera' »
L’ensemble de son explication est à retrouver ci-dessous :