Algérie

Étudiants acceptés au Québec et bloqués par Ottawa, qu’en est-il pour les Algériens ?

L’accès des étudiants, notamment algériens aux universités québécoises est devenu un sujet brûlant ces derniers temps. Selon une étude récente de l’Institut du Québec, environ 50% des étudiants francophones ayant été acceptés par des universités québécoises se voient refuser leur visa de séjour et d’entrée au Canada. Un taux qui atteint une alarmante proportion de 72% lorsqu’il s’agit d’étudiants originaires du continent africain, rendant ainsi difficile leur accès aux établissements d’enseignement québécois.

Les pays les plus touchés incluent l’Algérie, le Sénégal, la Guinée, ainsi que la République du Congo. Cette situation, qualifiée d’absurde par la ministre québécoise de l’Immigration et plusieurs élus de l’opposition, soulève des questions importantes.

Malgré une recherche active de la part du Québec pour attirer des étudiants africains dans ses universités, un maigre quart d’entre eux obtient le droit de résider dans la province francophone. La cause principale de ce refus semble être la crainte du gouvernement canadien que ces étudiants choisissent de s’établir de façon permanente au pays à la suite de leurs études.

Une procédure d’immigration complexe et un paradoxe déroutant

D’après RFI, Emma Braham, de l’Institut du Québec, évoque la complexité de la procédure d’immigration pour les étudiants du continent africain. Pour illustrer son propos, elle prend l’exemple d’un étudiant ivoirien : « Cet étudiant devra fournir une quantité considérable de documents afin de prouver sa solvabilité financière, justifier sa capacité à assumer les frais de scolarité et subvenir à ses besoins sur place. Ce processus est nettement plus exigeant que celui auquel doit se soumettre un étudiant américain, par exemple. »

Le paradoxe de cette situation se fait d’autant plus sentir que le Canada ambitionne d’accueillir plus de 460 000 nouveaux arrivants cette année. Alexis Brunelle-Duceppe, député du Bloc québécois, défend l’importance cruciale de ces étudiants africains francophones pour l’avenir de la province : « L’avenir de la francophonie se trouve en Afrique. Et l’avenir du Québec est en français. Nous avons besoin de ces individus pour renforcer notre communauté francophone, et nous avons besoin de ces étudiants pour qu’ils viennent ici, au Québec, enrichir notre société ou devenir des ambassadeurs du Québec dans leurs pays respectifs. »

Le défi démographique du Québec : une solution à double tranchant ?

Par ailleurs, le Québec est confronté à un défi démographique de taille, avec une population vieillissante et une main-d’œuvre en déclin. Cette situation a mené à une augmentation du recours à l’emploi de mineurs, principalement dans les commerces et les restaurants. Un projet de loi est actuellement à l’étude pour interdire l’emploi rémunéré pour les moins de 14 ans et limiter le travail hebdomadaire des jeunes durant l’année scolaire.

Étonnamment, le Québec ne fixe pas d’âge minimum pour commencer à travailler. Une enquête récente a révélé qu’un tiers des 12-16 ans occupent actuellement un emploi à temps partiel dans la province.

L’augmentation du refus des visas étudiants, la complexité des procédures d’immigration et la tendance croissante à l’emploi de mineurs semblent former un étrange paradoxe. Alors que le Québec est en quête de nouveaux arrivants pour soutenir sa démographie en déclin, l’accès à l’éducation supérieure pour les étudiants francophones étrangers reste difficile et limité. Un défi que la province devra relever pour garantir son avenir.