International

Budapest se place de nouveau à l’épicentre du national-conservatisme

Celui qui espère ravir à nouveau la Maison Blanche l’an prochain n’a pas fait le déplacement dans le pays magyar, mais a adressé un message vidéo aux participants vendredi matin : “Nous menons une bataille historique contre les mondialistes et les communistes du monde entier”, a-t-il clamé, et de vanter le “great leader” qu’est Viktor Orban. Le dirigeant hongrois est devenu une véritable star dans les milieux “trumpistes” outre-Atlantique, popularisée par le présentateur vedette de la chaîne Fox News, Tucker Carlson, récemment évincé. Une star, mais surtout un modèle, suivi par exemple par le gouverneur de Floride, l’ultra-conservateur Ron DeSantis (qui a interdit les études de genre et stigmatise les LGBT), quoique ce dernier s’en défende.

Le laboratoire hongrois

C’est d’ailleurs le rôle que veut ouvertement endosser la droite hongroise : “la Hongrie est un incubateur où l’on teste les politiques conservatrices du futur”, a exposé Viktor Orban en ouverture des conférences. Délivrant une version plus agressive de sa rhétorique habituelle contre “l’élite progressiste globaliste”, le dirigeant hongrois a filé une longue métaphore comparant le libéralisme sous toutes ses formes à une maladie : “Une attaque de virus a été lancée contre nous. Le virus a été développé dans des laboratoires libéraux progressistes. Ce virus attaque le point le plus vulnérable du monde occidental : la nation”.

Comment ne plus se tromper lorsque l’on parle de la droite dure

Fort heureusement, la Hongrie a l’antidote et le bon docteur Orban se propose de l’inoculer à tous. Une grande banderole déployée devant le bâtiment futuriste qui accueillait l’évènement au bord du Danube avait donné le ton des débats, volontairement tonitruant et transgressif : “No woke zone”.

Le Vlaams Belang représenté

Parmi les intervenants, beaucoup d’États-Uniens, tels que la présentatrice de la chaîne Fox News Sara Carter, le présentateur conspirationniste Jack Posobiec, ou encore Paul Gosar, élu de l’Arizona à la Chambre des représentants, lui aussi conspirationniste et solidement ancré à l’extrême-droite. Selon lui, le milliardaire américano-hongrois George Soros est à l’origine des émeutes à Charlottesville en 2017 et a livré des juifs aux nazis en Hongrie pendant la seconde Guerre mondiale.

Dans ce rassemblement de “conservateurs” affichés, mais qui tirent en réalité sur l’extrême-droite, l’on trouvait aussi beaucoup de représentants de formations nationalistes européennes, comme les présidents du FPÖ autrichien, Herbert Kickl, et du Rassemblement national, Jordan Bardella. Côté belge, Gerolf Annemans, eurodéputé du Vlaams Belang, était au programme vendredi après-midi, après le ministre hongrois des Affaires étrangères Péter Szijjárto, et le président du parti, Tom van Grieken, a adressé un message vidéo à l’audience.

La vision et le message politiques sont clairs : intensifier et propager la guerre culturelle contre le libéralisme qui fait rage en Hongrie, aux États-Unis et ailleurs. Pour autant, ce grand raout propose-t-il un agenda ? “Le CPAC de Budapest n’est pas une véritable alliance”, tempère la politologue Edit Zgut-Przybylska, “mais davantage une démonstration de force de relations publiques, conçue pour contrer l’isolement international total de Viktor Orban”. Le Droit et Justice (PiS) polonais et Giorgia Meloni, des alliés historiques, ont boudé l’évènement.