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Biden hausse (un peu) le ton contre l’allié israélien

Après trois mois de contestation, la Maison Blanche a « salué » l’annonce d’une « pause » tout en continuant à « appeler les responsables politiques en Israël à trouver un compromis le plus rapidement possible ».

Juste avant le recul de M. Netanyahu, la présidence américaine avait exprimé ses « inquiétudes » sur ce projet de réforme, tout en assurant qu’elle « ne redout(ait) pas qu’Israël évolue vers une guerre civile » fort de sa « longue tradition démocratique ».

Si des diplomates américains martelaient depuis des semaines qu’il fallait trouver un consensus dans l’Etat hébreu, le département d’Etat s’était dit récemment « extrêmement préoccupé » par un vote à la Knesset concernant l’occupation par des colons juifs de territoires palestiniens, et par les propos d’un ministre israélien niant l’existence du peuple palestinien.

Israël: le gouvernement Netanyahou fait machine arrière sur la réforme judiciaire

Hostilité Obama/Netanyahu

On reste néanmoins très loin de l’acrimonie, des tensions, voire de l’hostilité entre le président démocrate Barack Obama (2009-2017) et le Premier ministre de droite Benjamin Netanyahu.

Notamment lors du second mandat Obama, lorsque M. Netanyahu pactisait avec les Républicains au Congrès sur les dossiers de la colonisation israélienne ou du nucléaire iranien, pendant que les deux exécutifs affichaient leur « amitié » historique et leur alliance politique et militaire « inébranlable ».

Pour David Makovsky, expert des relations israélo-américaines au cercle de réflexion Washington Institute for Near East Policy, « l’administration Biden joue la partie assez finement ».

Dans une Amérique qui compte le plus grand nombre de juifs au monde en dehors d’Israël (7,5 millions en 2020 selon le Pew Research Center), « Biden pense, quand il s’agit d’Israël, qu’on ne lave pas son linge sale en public. En cela, il n’est pas Obama », juge le spécialiste.

De fait, les déclarations américaines répétées sur la « démocratie » et le fait que Netanyahu n’a toujours pas été invité à la Maison Blanche depuis son retour au pouvoir en décembre en disent plus qu’un long discours, souligne M. Makovsky.

Mais « en même temps, l’administration (Biden) ne veut pas avoir la main trop lourde et devenir un +punching-ball+ pour la droite israélienne ».

D’autant qu’un fils de M. Netanyahu, Yair, a déjà accusé les Etats-Unis de financer les manifestations, ce que le département d’Etat a fermement démenti.

Démocrates soutiens des Palestiniens

Au contraire de M. Obama, Joe Biden, qui fut sénateur et vice-président, a une relation cordiale, voire chaleureuse, avec « Bibi » Netanyahu et a toujours soutenu Israël. Même si en mars 2010, l’Etat juif avait annoncé de nouvelles colonies à Jérusalem-Est, en pleine visite de M. Biden.

Les équilibres ont évolué ces dernières années au parti démocrate, qui fut historiquement plus proche de l’Etat hébreu: un sondage Gallup montre qu’il y a pour la première fois plus de démocrates sympathisants de la cause palestinienne que celle d’Israël.

Des parlementaires américains juifs de la Chambre des représentants — quasiment tous des démocrates — ont exhorté ce mois-ci M. Netanyahu à suspendre sa réforme de la justice au risque de « saper la démocratie et les droits civils en Israël ».

Le sénateur démocrate Chris Van Hollen, interrogeant le secrétaire d’Etat Antony Blinken sur la question palestinienne, a accusé Washington d’apparaître « en position de faiblesse en faisant en permanence des déclarations sans la moindre conséquence ».

Et lundi sous la pluie à New York, une centaine d’Américains juifs et d’Israéliens se sont rassemblés devant le consulat d’Israël pour soutenir la « démocratie » contre la politique de M. Netanyahu.

Ce ne fut pas toujours le cas dans les relations américano-israéliennes, mais à l’inverse, le parti républicain, influencé par les chrétiens évangéliques, est depuis des années aligné sur la ligne dure de la droite et de l’extrême droite au pouvoir en Israël.

C’est ce qui a guidé quatre années durant la politique ultra favorable à Israël du président Donald Trump (2017-2021), qui a même abandonné un temps la recherche d’une « solution à deux Etats » israélien et palestinien et a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël.

Pour Logan Bayroff, du groupe de gauche pro-israélien J Street, les Etats-Unis devraient en faire plus pour soutenir « sans équivoque » les manifestations en Israël, confronté à « un moment de crise historique de (sa) démocratie ».