France

Tétraplégique, il raconte son combat pour une société « plus accessible »

Il y a des journées où le destin bascule du mauvais côté. Celui de Martin Petit, influenceur bordelais de 31 ans suivi par plus de 100.000 followers sur Instagram, a été bouleversé le 21 août 2017. À la fin d’une après-midi « plage entre amis » sur la côte landaise, ce sportif aguerri décide d’aller piquer une tête pour la dernière fois de la journée. « Je n’étais franchement pas très attentif, je sortais d’une rupture et j’étais dans les Landes pour essayer de me changer un petit peu les idées, se souvient le Tourangeau d’origine. Je plonge, je ne vois pas le manque de fond, j’ai tapé la tête et je me suis brisé le cou. Ensuite j’ai commencé à me noyer et j’ai un pote qui m’a sorti de l’eau. Si j’avais fait trois pas de plus tout se serait passé différemment. »

Transféré à l’hôpital de Bayonne, Martin s’est fracturé la cervicale C5 et a eu la moelle épinière atteinte au niveau des C6 et C7. « J’ai une tétraplégie que l’on nomme « basse », c’est-à-dire que j’ai plus ou moins une mobilité du haut du corps, mais les quatre membres sont atteints ». S’en suivent alors de longs mois en centre de rééducation à Cambo-les-Bains, dans le Pays basque, avant d’être transféré à la Tour de Gassies, à Bruges en Gironde. « Cela m’a permis de me rapprocher de mes amis et de ma famille qui étaient à Tours. Je ne savais pas où j’allais alors je me suis laissé guider par le personnel soignant ».

Durant ces mois « plus que compliqués », Martin commence à écrire et raconte son processus de rééducation sur les réseaux. Il y partage ses doutes, ses peurs, ses victoires et reçoit de nombreux messages de soutien en retour. « À l’époque j’avais déjà une petite communauté qui me suivait, elle a beaucoup grandi à ce moment-là. J’étais dans un gros marasme dans ma vie. J’avais perdu tous mes repères, j’étais paumé, je me devais de m’affirmer d’une autre manière, vu que j’étais assis, que je faisais 1,30 m et que je ne connaissais plus mon corps. »

« Il vaut mieux mettre des milliards pour rendre une société accessible »

Alors, Martin renoue avec le sport, sa confiance en lui regonfle au rythme de sa communauté. Et le Girondin en profite pour faire passer un message engagé. « Ce n’est pas une cause qui est forcément très connue, fustige l’influenceur. Il y a ce côté très misérabiliste ou super héroïque. Moi, je parle à un public qui se reconnaît peut-être plus en moi parce que moi je suis quelqu’un de lambda qui a eu un accident. Je pense que ça a parlé à pas mal de personnes. »

Sur ses réseaux, Martin sensibilise pour faire connaître sa pathologie et tente de balayer « l’ignorance de ce que c’est d’être en fauteuil » tout en mettant un point d’honneur à l’accessibilité. « Si tu rends une société accessible pour une personne en fauteuil, inévitablement tu sers toute la société, explique-t-il. Quand tu vieillis et que tu ne peux pas prendre le métro à cause des marches, que tu as une poussette, que tu as un pied dans le plâtre. Alors il vaut mieux mettre des milliards sur la table pour rendre une société accessible pour que derrière il y ait moins de trucs pour rattraper le coup. »

Un influenceur 360 degrés

Pour faire passer son message, Martin n’hésite pas à varier les formats et les médias. Désormais, il intervient à la radio, en conférence ou sur les plus grosses chaînes YouTube françaises, toujours pour faire passer son message comme lorsqu’il apparaît dans une vidéo de Tibo InShape, en 2020 ou avec Amixem en avril dernier. Parallèlement, il a lancé sa propre marque de vêtements, « Hoyat », qui reverse un euro par achat à l’APF France Handicap, qui œuvre dans le domaine du handicap au quotidien.

Mais là encore, l’influenceur se défend d’entreprendre pour son simple intérêt personnel : « Me mettre en avant c’est une chose, ça sert mes intérêts et c’est gratifiant, on ne va pas se mentir. Mais ce qui compte avant tout c’est qu’est-ce qu’on fait de tout ça, quel combat on mène. » Et Martin Petit a trouvé le sien.