France

Réforme des retraites : « C’est désolant »… Stupeur à Rennes après le saccage de la ville par des casseurs

Rennes, le jour d’après. Au lendemain d’une manifestation ultra-violente dans les rues du centre ancien, la capitale bretonne s’est réveillée avec la gueule de bois ce vendredi matin. Jeudi soir, environ 700 personnes ont défilé en cortège sauvage dans le cœur historique de Rennes pour crier leur opposition à la réforme des retraites et le recours au 49.3. Pour faire entendre leur rage et leur colère, ils n’ont pas fait que crier. Pendant plusieurs heures, certains manifestants s’en sont pris aux commerces de la ville, brisant des vitrines, taguant les façades, allant même jusqu’à piller un magasin indépendant de vêtements.

Dans cette nuit de chaos, on a sans doute frôlé le drame quand des individus ont projeté des poubelles enflammées sur les portes en bois de l’Hôtel de ville. Les pompiers sont intervenus pour 45 feux, quand les forces de l’ordre ont procédé à 14 interpellations. Treize personnes ont été placées en garde à vue, dont quatre sont soupçonnées du pillage du magasin K-Way. D’après la préfecture, cinq salariés du Mama Shelter de la place des Lices ont été blessés. Mercredi, le nouvel hôtel 4 étoiles avait déjà été pris pour cible, ses agents de sécurité avaient été visés.

Au lendemain de ce saccage, tout le monde ne parlait que de ça dans les rues de la ville. A chaque vitrine brisée, les passants s’arrêtent, discutent, soupirent, prennent une photo. Sur le pas de la porte défoncée, le gérant du magasin K-Way est dépité. Dans la nuit, la vitrine a été enfoncée et le magasin a été en partie pillé. « Ils sont même revenus plusieurs fois. Regardez, il y a un sac avec des vêtements. Il y en a même un qui a laissé sa bière ». La pinte encore remplie trône au milieu du magasin dévasté. « Je ne comprends pas. Je suis indépendant, j’ai un emprunt sur le dos, des salariés à payer. Je ne suis pas une multinationale, je n’y suis pour rien. Tout ce qu’ils font en attaquant comme ça, c’est de mettre des gens dans la merde ». Le gérant va porter plainte et contacter ses assurances. Il ignore quand son magasin pourra rouvrir.

Des individus ont projeté des poubelles enflammées contre les portes de l'Hôtel de ville de Rennes lors d'une manifestation sauvage en réaction au recours au 49.3.
Des individus ont projeté des poubelles enflammées contre les portes de l’Hôtel de ville de Rennes lors d’une manifestation sauvage en réaction au recours au 49.3. – J. Picaud/Sipa

A côté, l’agence immobilière Foncia située à l’angle du parlement a été saccagée. Son gérant ne veut pas s’exprimer. « Je ne suis pas prêt », lance-t-il. La colère se lit dans ses yeux. « C’est désolant », déplore une femme en scrutant les tags anarchistes apposés sur la façade du centre des congrès de la place Sainte-Anne. « Je comprends la colère. Mais pourquoi s’en prendre aux commerçants ? Qu’est-ce qu’ils ont fait là-dedans », déplore un artisan venu réparer les dégâts.

« Notre ville ne peut être abandonnée »

Ce matin déjà, la ville avait été en grande partie nettoyée par les équipes de la ville. Sur la place de la Mairie, on ne voyait presque plus les traces des violences de la veille. Seules quelques fenêtres cassées sont là pour témoigner de la nuit de folie que le bâtiment a passé. « Notre ville est ce soir le théâtre de violences urbaines sidérantes », a dénoncé la maire PS Nathalie Appéré. « Notre ville ne peut être abandonnée à la violence des casseurs », a-t-elle ajouté, demandant à nouveau des renforts policiers.

A Rennes, des vitrines de commerces ont été explosées par des manifestants qui criaient leur opposition à la réforme des retraites et au recours au 49.3.
A Rennes, des vitrines de commerces ont été explosées par des manifestants qui criaient leur opposition à la réforme des retraites et au recours au 49.3. – C. Allain/20 Minutes

Interrogé sur les multiples dégradations subies en marge des manifestations à Rennes, le préfet Emmanuel Berthier a assuré qu’il n’y avait « aucune impunité » pour les casseurs. « Nous faisons face à une masse de personnes jeunes, rapides, mobiles et plutôt bien organisées, ce qui complique l’intervention des forces de l’ordre », a expliqué le patron de la police Luca Togni. Une nouvelle manifestation est prévue ce vendredi à 11 heures.