France

Reçus ce mardi et mercredi par Borne, les syndicats en position de force

L’exécutif va-t-il réussir à relancer le dialogue social ? Les syndicats sont attendus ce mardi et mercredi à Matignon pour la première fois depuis la promulgation de la très contestée réforme des retraites, qui pourrait les placer « en position de force » dans les négociations.

Après une rencontre avec l’intersyndicale début avril qui avait tourné court, Elisabeth Borne reçoit cette fois chacune des cinq organisations représentatives, sans ordre du jour précis. La Première ministre, régulièrement chahutée par les casseroles d’opposants à la réforme, se dit « à l’écoute des priorités » des organisations syndicales et patronales.

L’intersyndicale « déterminée » sur les retraites

Alors qu’elle souffle mardi sa première bougie à Matignon, recevant lundi un satisfecit d’Emmanuel Macron pour son action, elle s’entretiendra en fin d’après-midi avec FO et la CFDT. Puis mercredi matin avec la CFE-CGC et la CFTC, avant la CGT l’après-midi.

Le bras de fer s’annonce encore intense. L’intersyndicale a en effet redit lundi dans un communiqué son opposition « déterminée » à la réforme des retraites, contre laquelle elle organise une 14e journée de grève et de manifestations le 6 juin, deux jours avant l’examen d’une proposition de loi du groupe Liot visant son abrogation.

Les syndicats viennent surtout à Matignon avec de nombreuses revendications et pourraient faire monter les enchères. Dans le contexte de l’inflation, ils entendent parler salaires, et redire qu’ils jugent « injuste et brutale » la dégressivité des allocations-chômage ou la conditionnalité d’accès au RSA.

L’ensemble des syndicats demande en outre que les aides publiques aux entreprises soient « conditionnées » à des objectifs sociaux, comme la hausse des salaires, et environnementaux. La CFDT va demander une suspension des exonérations de cotisation pour les branches qui ont des minima inférieurs au Smic. La CGT, qui vient, selon les mots de sa N.1 Sophie Binet au Parisien « pour poser des exigences », « pour négocier, pas pour discuter », souhaite une indexation des salaires sur la hausse des prix. Le président de la CFTC Cyril Chabanier juge pour sa part que l’on « ne peut pas ne pas parler de l’inflation, du pouvoir d’achat ». Il estime surtout que les syndicats sont « en position de force grâce au mouvement social ».

Outre l’emploi des seniors ou la pénibilité, autant de sujets retoqués de la réforme par le Conseil constitutionnel, la Première ministre entend bâtir avec les partenaires sociaux un « agenda social » pour un « nouveau pacte de la vie au travail ». Un projet de loi, « qui embarquera le résultat des négociations » entre les syndicats et le patronat, devrait être déposé en fin d’année ou en début d’année 2024, selon Matignon.

Les organisations patronales, qui seront reçues la semaine prochaine, auraient par contre préféré une négociation autonome avec les syndicats avant de voir le gouvernement. Le Medef met en effet régulièrement en avant leur accord sur le partage de la valeur.