France

Pyrénées : Entre « portés disparus » et miraculé, 76 ours vivent officiellement dans le massif

Chaque année, le très attendu recensement des ours des Pyrénées sort en même temps que les intéressés de leurs tanières d’hibernation. Grâce à l’analyse génétique des crottes ou des poils laissés en chemin, ou quelquefois près des cadavres de malheureuses brebis, aux précieuses images des inoffensifs « pièges photographiques » planqués dans les arbres et aux témoignages de randonneurs, les spécialistes l’Office français de la biodiversité (OFB) dévoilent dans leur rapport rendu public ce vendredi que 76 plantigrades ont officiellement crapahuté dans le massif en 2022, dont « 13 oursons de l’année ». Ils étaient 70 en 2021. Enfin croyait-on, car le comptage et l’identification des ours n’est pas une science exacte, maintenant que plus aucun d’entre eux ne porte de collier GPS.

RIP Fosca et retour inattendu de « New18-18 »

Quand ils ne pointent pas leur museau ou ne perdent aucun poil retrouvé pendant deux années consécutives, ils sont considérés comme « disparus » et l’équipe technique ours parle prudemment « d’effectif minimal retenu » (EMR), qui peut être remanié plusieurs années après. La bonne surprise de l’année est donc le retour dans les effectifs de New18-18 (qu’on va enfin pouvoir baptiser par autre chose qu’un nom de code). Cette femelle adulte a non seulement été « redécouverte » mais elle se promène avec une ado dont on ne soupçonnait même pas l’existence. Petit soulagement aussi pour Goiat, l’ours au gros tempérament dont la boiterie inquiétait les associations : en avril dernier, il se baladait toujours en Aragon.

A l’inverse cinq ours, dont la femelle adulte Fosca, sont désormais considérés comme « disparus » quand sept autres, qui n’ont laissé aucune trace l’an dernier, figurent toujours dans les tableaux. Enfin, le rapport confirme la thèse d’une bagarre fatale entre plantigrades concernant l’ourse découverte morte à Melles (Haute-Garonne), au fond d’un ravin.

Malgré les légitimes incertitudes, la population ursine des Pyrénées est donc composée de 39 femelles et 35 mâles et de deux oursons dont le sexe n’a pas encore pu être déterminé. « La population est majoritairement composée de jeunes individus dont 83 % ont moins de 10 ans », relève l’OFB qui se réjouit par ailleurs d’un taux de survie de 75 % pour les oursons de l’année. Mais cette croissance démographique (11,23 % par an depuis 2006) est trop lente au goût des pro plantigrades. « La population d’ours dans les Pyrénées n’est toujours pas viable », réagit l’association Pays de l’ours-Adet. Elle s’inquiète toujours de la faible population dans le Béarn, avec « quatre à cinq mâles » et seulement deux femelles, et réitère sa demande de nouveaux lâchers pour compenser les deux ours tués par balles en 2020. Elle souligne aussi que le renouvellement génétique n’est pas vraiment au rendez-vous, avec peu de lignées qui ne descendepas de feu Pyros le joli cœur.

Mais les amoureux des ours se frottent les pattes en découvrant les tableaux des « dégâts des ours », remarquablement stables. Il y a eu 331 attaques recensées en 2022, essentiellement en Ariège, deux de moins que l’année précédente. Elles ont coûté la vie à 590 animaux domestiques, de nombreuses brebis mais aussi quatre vaches. Et, cette fois, les ours n’ont pas détruit la moindre ruche.