France

Pourquoi un accouchement peut-il être déclenché et comment se déroule-t-il ?

« J’ai demandé à être déclenchée, je n’en pouvais plus ! » Le 1er mai, c’est enceinte « jusqu’aux yeux » que Laure s’est rendue à la maternité pour demander un déclenchement artificiel de son accouchement. Demande à laquelle l’équipe médicale a accédé. Toutes les mères peuvent-elles bénéficier de ce protocole ? Quelles sont les indications au déclenchement d’un accouchement ? Comment se déroule-t-il ? 20 Minutes vous explique tout.

Pour raisons médicales ou de convenance

« Le déclenchement artificiel du travail consiste à provoquer des contractions de l’utérus pour faire démarrer le travail, c’est-à-dire le processus qui aboutit à l’accouchement », indique la Haute Autorité de Santé (HAS). Mais presser Dame nature n’est pas possible dans tous les cas. « En premier lieu, se pose la question de l’indication : y a-t-il une pathologie particulière chez la mère ou l’enfant à naître qui requiert un déclenchement artificiel du travail ? », explique le Dr Philippe David, gynécologue obstétricien.

Le déclenchement peut ainsi « être programmé à partir de 37 semaines d’aménorrhée pour indications médicales : en cas de grossesse gémellaire, d’hypertension artérielle et de risque de prééclampsie, de diabète gestationnel mal équilibré ou encore de retard de croissance intra-utérin », détaille le Dr Aude Du Passage, gynécologue obstétricienne à l’hôpital de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine).

Un déclenchement de convenance est également possible « à partir de 39 semaines, soit deux semaines avant le terme, mais jamais avant, ajoute la gynécologue. Il peut ainsi être envisagé lorsque la mère a plusieurs enfants et veut programmer son accouchement pour faciliter son organisation ou lorsque la grossesse a atteint son terme, soit 41 semaines. Certaines maternités vont déclencher systématiquement l’accouchement le jour du terme, quand d’autres peuvent attendre jusqu’à 5 jours, en surveillant bien sûr son état et celui de l’enfant à naître. C’est le cas de figure de Laure : « le jour de mon terme était le 1er mai. Quand je me suis levée le matin et que je ne sentais toujours aucun signe d’accouchement imminent, je me suis allée à la maternité pour vérifier que tout allait bien et demander à être délivrée, plaisante la jeune femme de 39 ans. Et d’un point de vue logistique, c’était aussi plus pratique  pour faire garder mon fils par ma mère, qui ne travaillait pas en ce jour férié ».

Un déclenchement « au plus près de la physiologie »

Mais pour accéder à cette demande, « il faut que soient réunies des conditions permettant un déclenchement au plus près de la physiologie, souligne le Dr David. Dans ce cas, le déclenchement, c’est comme le petit « coup de starter » qui lance les opérations, et initie un travail conforme à ce qu’il aurait été même sans déclenchement, ni plus ni moins douloureux ». En pratique, « on examine la patiente, on regarde si son col de l’utérus est favorable, suffisamment mature, auquel cas on peut lui administrer directement de l’ocytocine par voie intraveineuse et rompre sa poche des eaux, ce qui va déclencher le travail, et lui poser la péridurale », détaille le Dr Du Passage.

En revanche, si le col est encore fermé, « il faut d’abord le préparer en appliquant par voie vaginale un gel à base de prostaglandines, ce qui est un peu plus long, précise-t-elle. Puis on place la perfusion d’ocytocine pour harmoniser le travail, et la péridurale. Et dans tous les cas, on place d’abord le bébé sous monitoring pour s’assurer que tout va bien, sinon, c’est la césarienne qui est privilégiée ». La pratique du déclenchement entraîne, « dès le début du travail, la nécessité d’un monitorage fœtal continu, et généralement des contractions de forte intensité qui peuvent être plus douloureuses qu’un début de travail spontané », abonde la HAS.

Après avoir eu le feu vert pour son déclenchement, Laure a vite reçu sa perfusion d’ocytocine et sa péridurale. « J’ai eu les premières contractions au bout d’une demi-heure et mon col s’est rapidement dilaté, et je n’ai quasiment pas eu mal pendant l’accouchement, qui a été plus rapide et facile que pour ma première grossesse », raconte la maman de la petite Ella, née environ quatre heures après le début du déclenchement.

Et elle n’est pas la seule. Si entre 2010 et 2016, environ 22 % des accouchements étaient déclenchés, entre 2016 et 2021, la fréquence du déclenchement du travail a augmenté, passant à 25,8 %, rapporte Santé publique France dans le cadre de la dernière enquête nationale périnatale publiée en 2021.