France

PKK : 11 cadres jugés pour financement du terrorisme en France

Le PKK dans le viseur des juges. La justice française se penche à partir de mardi, et jusqu’au 14 avril, sur le fonctionnement du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en France, à travers le procès, à Paris, de 11 de ses cadres.

Aucun des 11 hommes turcs, jugés devant le tribunal correctionnel de Paris, notamment pour financement du terrorisme et extorsion, ne reconnaît ouvertement être membre de l’organisation. Elle n’existe que « dans les montagnes » du Kurdistan, loin de la France où ils résident, argumentent-ils.

Mais les enquêteurs sont certains de leur appartenance au PKK. Et estiment que la France, comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, sont bien des « bases arrière » où des « cellules clandestines » très hiérarchisées s’emploient à « mobiliser » la communauté kurde (120 à 150.000 personnes en France, 100.000 aux Pays-Bas, 1 million en Allemagne).

L’impôt révolutionnaire, véritable manne du PKK

L’enquête a débuté en 2020 avec deux signalements pour disparitions inquiétantes de deux femmes kurdes âgées de 18 et 19 ans, à quelques mois d’écart, dans le sud-est de la France. La piste d’un « recrutement » du PKK pour rejoindre des « camps de formation » en Europe s’est rapidement dessinée. Elle a permis aux enquêteurs d’identifier un réseau actif dans la région, officiellement une « association kurde » de Marseille, chargée notamment de collecter l’impôt révolutionnaire, principale source de financement du PKK.

Malgré l’« omerta » dans la communauté kurde, les témoignages et écoutes téléphoniques ont révélé « un véritable harcèlement » des membres de la diaspora et des méthodes de recouvrement s’apparentant à du « racket », selon les enquêteurs. La contribution, collectée une fois par an, est fixée arbitrairement par les « collecteurs » en fonction des revenus estimés de chacun.

Si « certains » Kurdes paient l’impôt par conviction idéologique et « adhésion totale » au PKK, note l’enquête, « beaucoup » le vivent « comme une obligation » et n’osent s’y soustraire « par peur » de la réprobation de la communauté, mais aussi de représailles en cas de non-paiement. Pour la « zone sud-est » de la France, le montant annuel collecté a été estimé à deux millions d’euros.