France

Patrick Mallet, l’ex-policier qui enquête sur les personnes disparues près de Lyon

En rejoignant l’association Assistance et recherche de personnes disparues (ARPD), créée en 2003, Patrick Mallet n’imaginait pas vraiment ce qu’allait être son travail d’enquêteur. Il y a huit mois, cet ancien policier lyonnais est sorti de sa retraite afin d’aider les familles déplorant la disparition mystérieuse d’un proche. Sa mission aujourd’hui : les retrouver mais aussi contribuer à la résolution de cold cases, autrement dit des enquêtes non résolues ou abandonnées, faute de preuves ou d’indices.

Comment l’idée lui est venue ?

C’est en « tombant sur un reportage à propos de l’ARPD » que Patrick Mallet a voulu adhérer à l’Assistance et recherches disparues pour laquelle il est bénévole. « Je leur ai adressé un mail et c’est un policier que je connaissais qui m’a répondu. J’ignorais qu’il avait rejoint l’association », raconte-t-il. Lui qui a effectué « toute sa carrière dans la police nationale à Lyon et dans son agglomération » voulait mettre son expertise et ses compétences à profit : « Je ne suis pas le meilleur enquêteur, mais j’avais les contacts auprès de la police, de la gendarmerie, de la presse et de la justice. »

Quel rôle joue l’ARPD ?

Le travail d’enquêteur à l’ARPD, c’est d’abord de « laisser les services de police investiguer », avant de reprendre l’enquête si besoin, précise d’emblée Patrick Mallet. « Ils ont beaucoup plus de moyens que nous. Ils peuvent mettre sur écoute des personnes, obtenir des réquisitions, avoir l’aide de spécialistes. Ce sont des choses qui n’appartiennent pas au droit commun et que nous ne pouvons pas faire », argumente-t-il.

Le rôle de l’ARPD est donc, dans un premier temps, consacré aux familles des victimes. Il s’agit de « les assister et les aider à comprendre ce qu’il se passe ». Mais lorsque les policiers ou les gendarmes décident d’abandonner les recherches, c’est l’association qui prend le relais pour tenter de s’intéresser aux pistes non-exploitées.

Patrick Mallet dirige depuis huit mois l'antenne lyonnaise de l'ARPD, une association qui recherche les personnes disparues.
Patrick Mallet dirige depuis huit mois l’antenne lyonnaise de l’ARPD, une association qui recherche les personnes disparues. – Lucas Marcellin/20 Minutes

Si les moyens restent limités, les enquêteurs de l’ARPD – 450 bénévoles au total – n’ont, pour autant, pas de limites territoriales, « contrairement à la police ». L’association bénéficie aussi du soutien des associations voisines. « Sur une de nos dernières affaires, nous enquêtions sur un monsieur de 68 ans qui avait disparu. Les gendarmes n’avaient pas trouvé utile de faire intervenir les chiens de recherche parce que la disparition datait de trois jours et que l’homme était parti à vélo. Une association de chiens pisteurs nous a affirmé que les chiens pouvaient quand même trouver sa trace. Avec l’accord des gendarmes, on a relancé les recherches et on a pu retrouver le corps de l’homme, quelques jours plus tard dans le Rhône », raconte Patrick Mallet.

Quelle est la plus grosse affaire résolue ?

Si le travail des enquêteurs peut parfois être fastidieux sans porter ses fruits, certaines recherches, en revanche, permettent de relancer des dossiers voire de les clore. En se penchant trente-quatre ans plus tard sur l’affaire Marie-Thérèse Bonfanti, l’ARPD a joué un rôle majeur dans l’enquête. Cette mère de famille avait mystérieusement disparu le 22 mai 1986 à Pontcharra (Isère), alors qu’elle distribuait des journaux.

« Il n’y avait plus aucune investigation en cours. La famille s’est toujours battue pour que les recherches continuent et qu’on ne l’oublie pas. On a été saisi en 2020 de cette disparition et grâce à une relecture de tous les éléments du dossier, on a pu cibler un suspect », relate Patrick Mallet. Yves Chatain, le voisin de Marie-Thérèse Bonfanti, déjà soupçonné lors de la première enquête en 1987, a été arrêté en mai 2022. « Nos éléments ont permis de rouvrir une information judiciaire », complète l’ancien policier. Ensuite, le pôle cold case de Grenoble – qui a travaillé sur les meurtres de Maëlys De Araujo et de Victorine Dartois – a mobilisé trois gendarmes sur l’affaire. « Ils ont interpellé le suspect qui a reconnu les faits lors de sa garde à vue », ajoute l’ancien policier.

Ces aveux ont ensuite mené à la découverte du crâne de la victime, dans une forêt de l’Isère. Et permis à la famille d’avoir enfin des réponses.