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OL-Stade Rennais : Toujours aussi imprévisibles, les Lyonnais renversent enfin un match et voient l’Europe « jouable »

Au Parc OL,

« C’est une belle leçon de vie. » Et oui, Laurent Blanc va jusque-là ce dimanche pour qualifier une victoire (3-1) contre Rennes qui a peu de chances de rester dans les mémoires des supporteurs lyonnais. Déjà car le Parc OL était aux deux tiers vide ou presque, le total de 44.671 billets édités communiqué par le club étant plus que jamais anecdotique. Et surtout : les partenaires d’Alexandre Lacazette pouvaient foncer vers la Ligue Europa en cas de succès à Nantes (14e de Ligue 1) mercredi, puis contre Toulouse (12e) en finale de la Coupe de France. Mais non, c’est tellement plus OL de saborder la perspective d’un premier trophée en onze ans à la Beaujoire (1-0), tout en signant deux succès inattendus dans la même semaine à Paris (0-1), et donc contre Rennes, pour s’accrocher au « fol espoir » d’une qualification en Ligue Europa Conférence (youhou).

La débâcle à Nantes avait pourtant tout d’un ultime KO dans cette saison aussi cataclysmique que la précédente. Un bon horaire de sieste de Pâques, un stade sans virage nord ni encouragement, et d’emblée une boulette du tandem Barcola-Diomande a permis à l’ancien Lyonnais Amine Gouiri de rendre ce dimanche encore plus morose (0-1, 11e). « Vu la grosse déception que nous avons connue mercredi, les 45 premières minutes de ce match peuvent s’expliquer par une peur, une timidité technique et mentale, explique Laurent Blanc. On se fait justement punir parce qu’on ne joue pas et que le ballon nous brûle les pieds. Rennes aurait même pu en profiter davantage. J’étais persuadé que ça irait mieux en seconde période, mais pas à ce niveau-là. »

« Plus de détermination et de prises de risques »

Apathique, à l’image d’un Rayan Cherki sifflé par une partie du stade, et sans le moindre changement effectué à la pause, l’OL se destinait à une dixième défaite cette saison en Ligue 1, et à une déculottée semblable à celle subie un an plus tôt contre la bande à Bruno Genesio (2-4). Mais justement depuis l’ère Genesio, l’OL a pour principal ADN d’être illisible et imprévisible. Une sublime frappe lointaine de Corentin Tolisso (1-1, 60e), auteur du même coup de son premier but depuis son retour dans son club formateur, a lancé une dernière demi-heure assez folle côté lyonnais. « Il y avait plus de détermination, de prises de risques, et des buts », résume un Laurent Blanc bluffé.

« On espère que ça va nous remettre dedans après la défaite à Nantes qui nous a fait beaucoup de mal. On essaie de se dire que ce n’est pas fini. On va tout donner jusqu’à la fin en tout cas, on ne va jamais rien lâcher », assure pour sa part Bradley Barcola, qui a clôturé le festival de l’OL sur un caviar de Rayan Cherki (3-1, 79e), après le 18e but en L1 d’Alexandre Lacazette (2-1, 68e). Marqué par l’absence du moindre changement côté Lolo White (prends ça la règle des cinq remplacements), ce succès contre Rennes est le premier obtenu par l’OL après avoir été mené au score depuis… février 2022.

« Ça veut dire que mentalement, on est capables de réagir, mais je vois que ça faisait un moment qu’on n’avait pas réagi », sourit à ce propos Laurent Blanc, chambreur face aux journalistes lui faisant remarquer que la qualification en Ligue Europa Conférence n’est plus qu’à cinq points. « Il y a deux jours, vous me disiez qu’il n’y avait plus rien à espérer de cette saison », glisse l’entraîneur d’un OL désormais 7e du championnat. « On est des compétiteurs et on a envie d’atteindre cette cinquième place, poursuit Corentin Tolisso. Elle est à cinq points donc c’est jouable. Mais il ne faudra surtout pas se prendre pour des autres vu qu’on vient de gagner contre Paris et Rennes. »

« Les progrès sont lents et petits »

Il ne manquerait plus que ça, pour un club en passe d’être rayé de toute compétition européenne pour la troisième fois sur les quatre dernières années. Lucide à ce propos, le champion du monde 2018 n’est pas spécialement convaincu par la thèse du déclic obtenu face à un Stade Rennais presque aussi malade que l’OL.

J’espère, j’espère… Je pense qu’on a eu un discours différent à la mi-temps de ce match par rapport à celui de Nantes. On a réussi à bien se parler tous ensemble. Même si on perdait 0-1, on n’a pas abandonné, on a fait bloc et on a poussé. Dans les têtes, ça fait du bien. »

C’est comme si Lyon était (enfin) vacciné contre toute euphorie soudaine, que suggère en temps normal un festival offensif comme celui de cette dernière demi-heure. A ce propos, la palme revient à la fin de conférence de presse de Laurent Blanc : « Attention, on n’a rien fait d’extraordinaire. On progresse mais les progrès sont lents et petits à la fois. Mais voilà, il faut se contenter de ça. Beaucoup de gens attendent autre chose mais il faut y aller mollo. De toute façon, on n’a pas le choix, on ne peut pas faire autrement ». Par la voix de son entraîneur, le septuple champion de France n’a désormais plus son pareil pour masquer ses ambitions de retour au premier plan.