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Nigeria : Ressource très rare dans le pays, l’eau potable n’est pas (encore) contrôlée grâce aux cartes d’identité

Au Nigeria, l’eau potable devient une ressource rare, voire inaccessible. Elle pourrait même être davantage contrôlée dans le futur par le numérique. Sur Facebook, une publication estime que l’eau potable dans le pays ne serait désormais disponible qu’avec une carte d’identité. La publication ajoute que cette décision a été mise en place dans le cadre du programme pour « le contrôle numérique et la comptabilité des ressources précieuses », prévue jusqu’en 2030. « C’est curieux, je n’arrive pas à poster cette information sur Twitter. J’ai essayé plusieurs fois, sans succès », s’étonne l’internaute à l’origine de la publication.

La publication s’accompagne d’une vidéo de plusieurs femmes en train de remplir un seau d’eau de couleur orange face à une machine. Une première active le robinet grâce à une carte, qui est décrite par la publication comme une carte d’identité. L’eau coule finalement, victoire et extase parmi la foule. Mais sur la machine en question, des détails laissent à penser que cette vidéo n’a jamais eu lieu au Nigeria. 20 Minutes vous explique pourquoi.

FAKE OFF

Sur la machine visible sur la vidéo, plusieurs boutons semblent réguler la consommation d’eau des habitants. Au premier plan, la femme doit passer une carte sur le lecteur pour finalement voir le jet d’eau s’activer. Et à la fin de la vidéo, l’auteur zoome sur les étiquettes collées sur la machine. Nous y lisons plusieurs inscriptions : « EMadzi Project » et « iMozys ». Mais à quoi correspondent-elles ?

D’après un article publié sur le site de la Banque mondiale, nous comprenons que la machine a en réalité été installée au Malawi, un pays africain à plus de 6.000 kilomètres du Nigeria. Il s’agit d’un kiosque à eau à commande manuelle mis en place pendant la crise sanitaire du Covid-19 afin de réduire au maximum les contacts.

« Pas de gaspillage »

L’idée était également d’automatiser les systèmes de distribution d’eau afin d’éviter au maximum les pertes, tout en assurant la disponibilité de la ressource à toute heure. « Le système a également permis une réduction de 65 % des coûts de l’eau, car il n’y a plus besoin de gardien, et pas de gaspillage », explique l’article. L’idée n’est donc pas de rationner l’eau, mais au contraire de la rendre plus disponible et plus sûre.

Par ailleurs, il ne s’agit pas d’une carte d’identité sur la vidéo, mais d’une carte à puce prépayée, explique toujours l’article. « La carte utilise la technologie d’identification par radiofréquence (RFID) pour permettre aux utilisateurs de puiser de l’eau en tapotant sur le distributeur », souligne la Banque mondiale. 

Une eau peu sécurisée

Toutefois, au Nigeria comme dans de nombreux pays d’Afrique, l’eau potable est une problématique majeure. D’après un rapport du PNUD relayé par l’Ambassade de France au Nigeria, « seuls 67 % des ménages nigérians avaient un accès à des sources protégées d’eau potable et à peine la moitié de la population à des infrastructures d’assainissement améliorées ».

Les statistiques montrent également que 40 % seulement des résidents urbains au Nigeria sont approvisionnés en eau par le réseau public. La cause ? Des infrastructures trop fragiles et une économie peu stable. Une réforme est bien mise en place sur la période 2016-2030 afin de pallier à ces manques et promettre à terme « une couverture universelle ».