France

Montpellier : Adastra, le supercalculateur le plus puissant de France, montre ses muscles

Quelque part, au Centre informatique national de l’enseignement supérieur (Cines), à Montpellier (Hérault), se cache le supercalculateur le plus puissant de France. Dans une pièce plongée dans le noir et ultra-sécurisée, presque autant qu’un terrain militaire, cette machine cogite à vitesse grand V : les performances d’Adastra, le petit nom de ce gros ordinateur, grimpent à 74 pétaflops par seconde, l’unité de mesure de la puissance de ces engins. Ce nouveau supercalculateur, inauguré en grande pompe, ce jeudi, sur le campus Saint-Priest, est deux fois plus puissant que Jean-Zay, le mastodonte de l’Institut du développement et des ressources en informatique scientifique (Idris) du CNRS, près de Paris, dont les performances plafonnent, depuis l’année dernière, à 36,8 pétaflops.

Adastra, entrée en service au mois de janvier, brille, aussi, au niveau mondial : il se hisse à la 11e place des supercalculateurs les plus puissants du monde, selon le dernier Top 500, établi en novembre 2022. « Nous sommes fiers, car c’est la première fois, depuis la création du Cines, qu’une machine, à son inauguration, est aussi haut placée dans le classement mondial », se félicite Michel Robert, le directeur du Cines. Mais la technologie, ça file à la vitesse de la lumière. « Sans doute qu’à partir du mois de juin, nous perdrons des places, c’est la vie naturelle du progrès », relativise le professeur montpelliérain.

Un formidable outil pour les chercheurs

Mais, en attendant, dans ce temple de l’informatique, on savoure. Car Adastra, qui a coûté un peu moins de 30 millions d’euros, est un formidable outil pour les chercheurs. Ce supercalculateur de pointe va leur permettre de réaliser, en un temps record, des simulations scientifiques hors normes, purement et simplement impossibles à accomplir sur un ordinateur traditionnel : des modélisations d’événements météorologiques extrêmes, des expérimentations sur l’efficacité de fermes éoliennes géantes, des travaux sur le design de moteurs de fusées… Ou pour entraîner des intelligences artificielles.

Adastra a une autre qualité : sa sobriété énergétique. Ce calculateur de l’extrême se hisse à la troisième place du Green 500, le classement des superordinateurs alliant la performance aux économies énergétiques, devant deux grosses bécanes américaines.

Le supercalculateur Adastra est 20 fois plus puissant que l'ancienne machine hébergée par le Cines.
Le supercalculateur Adastra est 20 fois plus puissant que l’ancienne machine hébergée par le Cines. – N. Bonzom / Maxele Presse

Supercalculateur, mais… super écolo, aussi

Et en plus d’être écolo, Adastra pousse à la sobriété : les utilisateurs qui se connectent à cet ordinateur de pointe pour leurs travaux ont la possibilité, en direct, de constater ce qu’ils consomment. Un outil qui permet aux chercheurs de faire « des compromis », s’ils le souhaitent, explique Alain Melon, le directeur de HPE (Hewlett Packard Enterprise) en France. « On peut faire le choix de la vitesse, pour avoir des résultats plus rapidement. Mais plus ça va vite, plus ça consomme. Ou on choisit de consommer un peu moins, et d’avoir des résultats un peu plus tard. C’est à chaque utilisateur de gérer ce compromis. »

Et comme l’informatique à la maison, plus les années passent, moins les machines ont besoin d’espace. Au Cines, Adastra n’occupe plus, désormais, qu’une quinzaine de mètres carrés. « Le supercalculateur qui était ici, avant [Occigen], était trois fois plus gros, environ, détaille Gabriel Hautreux, le responsable des calculs intensifs. Et 20 fois moins puissant. » C’est sur quarante ans d’histoire de l’informatique que ça donne encore plus le vertige : Adastra est… 10 milliards de fois plus puissant que le superordinateur installé sur ce campus universitaire, en 1980, à Montpellier, quand le Cines a été créé.