France

« Minute Papillon ! » : Pourquoi aussi peu de femmes dans le syndicalisme français ?

C’était une élection historique. Vendredi 31 mars, Sophie Binet est devenue la première femme à diriger la Confédération générale du travail (CGT) depuis la création du syndicat, il y a 128 ans. Sophie Binet rejoint Murielle Guilbert, codéléguée générale de Solidaires, sur la liste des dirigeantes de syndicats. Deux femmes dirigeantes, seulement, en France. Quant aux taux de syndicalisation, 11 % des hommes étaient syndiqués en 2019, contre 9,5 % des femmes, selon le ministère du Travail.

Dans cet épisode du podcast d’actualités de 20 Minutes « Minute Papillon ! », nous nous demandons pourquoi il a fallu autant de temps avant d’élire une femme à la tête de la CGT ? Ecoutez Maryse Dumas, figure du syndicalisme français, ancienne secrétaire confédérale de la CGT, co-autrice du livre Féministe, la CGT ? Les femmes leur travail et l’action syndicale, avec Rachel Silvera et Sophie Binet.

De la concurrence à la parité

Dans cet épisode, Maryse Dumas revient sur l’émergence des syndicats en France. Une naissance qui s’est opérée selon deux dynamiques. D’abord, l’arrivée sur le marché du travail des femmes représentait une menace pour la main d’oeuvre masculine. Selon l’ancienne secrétaire confédérale, « quand les femmes ont commencé à entrer dans le salariat, cette indépendance vis-à-vis du foyer a posé problème. C’était une atteinte à la virilité des hommes. Elles devenaient aussi concurrentes pour les salaires. Les employeurs exerçaient une forte pression pour que les salaires des femmes soient inférieurs à ceux des hommes. »

L’intégration des femmes dans les syndicats s’est déroulée de manière progressive avec parfois des objections, énonce Maryse Dumas dans ce podcast. Selon elle, la CGT a opéré un tournant lorsqu’elle a intégré une règle de parité à la direction confédérale en 1999, lors du 46e congrès de la CGT. A cela, s’ajoute un taux de femmes syndiquées qui progresse. Selon le dernier rapport de situation comparée présenté au Comité Confédéral National (CCN), l’instance dirigeante de la CGT entre deux congrès, en février 2023, la part des femmes syndiquées progresse régulièrement depuis 2009.

« Après un léger tassement en 2020, certainement en lien avec les effets de la crise sanitaire, la féminisation des syndiqué·es a augmenté de plus d’un point entre 2020 et 2022 (à 39,2 % au 21 décembre 2022) », analyse le rapport. Il précise qu’au total « la part des femmes syndiquées dépasse 39 % en 2022, et leur part dans les adhésions est de 47,9 %.

Dans ce podcast de « Minute Papillon ! », Maryse Dumas élabore des pistes pour intégrer davantage de femmes dans les syndicats. Selon elle, ces derniers doivent davantage intégrer dans leurs discours et dans leurs luttes les problèmes qui concernent les femmes. Exemple avec la mobilisation contre la réforme des retraites, durant laquelle les syndicats ont martelé l’impact négatif de cette réforme pour les carrières féminines.

Autre impératif selon Maryse Dumas, la CGT, comme les autres syndicats, n’est aujourd’hui pas assez présente dans certains secteurs où les femmes sont particulièrement nombreuses, comme le secteur des services. Enfin, et elle le soutient ardemment, « il faut qu’on voit des femmes dans les responsabilités, qu’on les voit dans les médias dans les prises de paroles. Cela permettra à d’autres femmes de se dire que c’est possible pour elles aussi ». Ecoutez la suite de cet entretien dans le lecteur ci-dessus.

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