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« Rendez-vous en terre inconnue » : L’émission de France 2 fait pleurer devant comme derrière la caméra

« Les équipes de tournage de l’émission sont des gens humainement incroyables », lâche Jarry en conférence de presse du nouveau numéro de Rendez-vous en terre inconnue, diffusé ce mardi sur France 2. Au cœur d’un numéro inédit à la rencontre des Inghuit au Groenland, l’humoriste témoigne des moments difficiles vécus sur le tournage de cette nouvelle aventure en immersion auprès d’une population autochtone dont les premières nuits ont été difficiles, marquées par un soleil qui ne se couche jamais.

« On savait que sur la banquise de toute façon on ne peut pas être nombreux. On a vécu ça avec une équipe qui, humainement, vit l’aventure comme nous. Il y a une énergie qui porte tout le monde, ils sont extraordinaires », renchérit Raphaël de Casabianca. Séparés en deux équipes, les techniciens de l’émission, derrière la caméra ou au bout d’un micro-perche font partie de l’émission depuis le premier épisode où Muriel Robin s’est envolée pour la Namibie. « Ce ne sont que des gens humainement incroyables », poursuit celui qui accompagne les célébrités depuis le retrait de Frédéric Lopez en 2018. Il n’en fallait pas plus pour pousser 20 Minutes à la rencontre de ces professionnels de l’image et du son, embarqués dans l’aventure depuis 2004.

« Je me souviendrais toujours du moment où le producteur de l’époque m’a appelé pour me proposer de réaliser le premier épisode de Rendez-vous en terre inconnue », glisse Pierre Stine, qui réalise une émission sur deux en tandem avec Christian Gaume, à 20 Minutes. « Un autre réalisateur était pressenti mais il a eu un empêchement un mois avant le tournage. » Habitué à réaliser des documentaires historiques, il s’interroge sur sa capacité à travailler sur ce projet, qui se dessine alors dans le plus grand secret. « Je leur ai dit que ce n’était pas pour moi, que je n’avais pas du tout envie de faire de la téléréalité », déroule-t-il. Un déjeuner avec Frédéric Lopez plus tard, il comprend que leur binôme aura une grande marge de manœuvre sur l’identité du programme. « On s’est serré la main et on s’est lancés à deux dans l’aventure. »

Au chaud comme au froid

Comme le temps est limité, Pierre Stine met un point d’honneur à s’entourer d’une équipe dont il est proche. Au son, il embarque Olivier Ronval avec qui il collabore depuis 1998. Après plus de 17 ans de participation à l’émission et 14 numéros enregistrés, les départs sont devenus une habitude. « Quand on doit partir en terre inconnue, la question c’est toujours : « Où allons-nous ? », avant même de savoir avec qui on part », confie-t-il. Lorsqu’il sait qu’il part dans le froid, il fait des essais en plongeant son matériel dans son congélateur. « Je me souviens avoir congelé des batteries et des câbles pour savoir s’ils résistaient au froid. »

Après des voyages en Papouasie, Namibie ou encore Mongolie, il est désormais équipé d’une panoplie d’accessoires pour un climat chaud comme pour un climat froid. Il emporte toujours avec lui du matériel de secours en cas de pépin. Comme lorsque du séjour « les pieds dans l’eau » en Papouasie avec Zazie. « Je suis tombé dans l’eau sans avoir pied et j’ai commencé à m’enfoncer. Tout mon matériel a pris l’eau. »

Lorsque Pierre Stine tient la caméra principale, un second cadreur tourne des plans sous un autre angle. Une troisième caméra fait aussi le voyage en cas d’imprévus ou pour rajouter un angle de vue. « En général, on est un noyau de six ou sept personnes auprès des populations locales », détaille le réalisateur. Un droniste, un éclairagiste, un assistant et un médecin complètent l’équipe. « Au Groenland, on a fini le tournage à quatre car l’équipe était réduite dès le départ et notre assistant a eu un imprévu et a dû être rapatrié plus rapidement. » En général, ces équipes dorment en tente à quelques centaines de mètres des villages. Lors du voyage au Groenland, les conditions climatiques étaient trop intenses pour qu’ils puissent installer un camp à distance, ils ont donc pour la première fois été immergés jour et nuit parmi les Inghuit.

« Un regard et on se comprend »

À chaque fois qu’une nouvelle aventure prend forme, chacun parvient à se libérer pour faire le voyage. Cette flexibilité a permis à l’équipe de rester inchangée depuis le premier Rendez-vous en terre inconnue. « Je voulais être entouré de gens avec qui j’étais en confiance, explique Pierre Stine. Je voulais aussi une équipe discrète et se connaître favorise ça. » « Un regard et on se comprend », confirme son confrère ingénieur du son. « On est capables de faire passer nos problèmes après ceux des autres », renchérit son réalisateur.

Pierre Stine part à la rencontre de la population locale une semaine avant son équipe et Raphaël de Casabianca. « J’ai moi-même un Rendez-vous en terre inconnue quand je rejoins l’équipe éditoriale sur place. A chaque fois j’ai cette même émotion quand j’arrive sur place, que je les vois m’attendre et qu’on se rencontre au bout du monde dans un endroit totalement improbable. »

Pour lui, la rencontre avec la célébrité qu’il va épier avec son objectif se déroule lorsqu’elle sort de l’avion, une fois arrivée à destination. « On est là pour faire en sorte qu’ils se sentent bien et la cohésion de l’équipe joue pour beaucoup car personne ne va jamais râler alors qu’on bosse un bon vingt heures par jour. » Les premiers jours, Pierre Stine dort même aux côtés de Raphaël et la célébrité pour capter leurs émotions dès le réveil tandis qu’Olivier Ronval s’arrange pour partir après le coucher et arriver avant le réveil. « La difficulté pour l’invité c’est qu’il ne sait pas ce qu’il va se passer dans l’heure qui suit. »

50 % de technique et 50 % de psychologie

Pour Olivier Ronval, le travail des équipes de Rendez-vous en terre inconnue est aussi d’aider l’invité à vivre au mieux cette immersion télévisuelle. « On a l’habitude donc on comprend ce qu’ils vivent même si on ne les connaît pas du tout avant le départ. » Généralement, le début du voyage est marqué par une perte de repères pour la célébrité, bien loin de son confort habituel. « Avec Jarry, il y a eu des moments de blues, de fatigue… Les conditions font que tous les sentiments prennent une proportion énorme rapidement et on est là pour le rassurer. On est là dans le même voyage que l’on vit ensemble. »

Le réalisateur de l’émission estime que son travail est fait de « 50 % de technique et de mise en scène » mais aussi de « 50 % de psychologie ». « Il faut faire en sorte que tout se passe bien dans l’équipe tant derrière que devant la caméra. »

Même hors-champ, la rencontre avec la population locale est intense. « Ça m’est aussi arrivé de tomber en larmes en disant au revoir lors de certains tournages », confesse Olivier Ronval. Les équipes sont les premières à faire leurs adieux avant d’allumer les caméras pour capter ce moment, toujours riche en émotion, vécu par la célébrité. Pour lui, le retour est toujours compliqué. « Avec Virginie Efira en Mongolie, quand on est repartis on était incapables de dire un mot », se souvient le réalisateur.

« C’est vraiment une aventure humaine très importante. Elle se fait entre nous mais il y a aussi la rencontre avec l’invité et surtout l’aventure humaine avec les populations sur place. Une sorte de triple Rendez-vous en terre inconnue, devant comme derrière la caméra », conclut Olivier Ronval en espérant encore de nombreuses immersions, même s’il vit chaque tournage comme si c’était le dernier.