France

JO de Paris 2024 : Un Francilien chargé de la musique au SDF, « cruciale pour accrocher l’attention du public »

« Il reste 478 jours avant la cérémonie d’ouverture des JO [de Paris 2024] », constate Sala Cissé, en consultant le décompte qu’il a installé sur son ordinateur. Depuis la barre du J-500, la pression s’intensifie pour ce Seine-et-Marnais qui assurera la programmation musicale des épreuves d’athlétisme lors des Jeux olympiques et paralympiques. Des qualifications, aux finales, sans oublier les remises des médailles, aucune célébration ne sera privée de sa musique. Stressé, mais fier de représenter son département lors de cette compétition très attendue, ce Francilien n’en est pas à son tour de chauffe.

Depuis treize ans, il anime régulièrement des compétitions sportives, des think tanks politiques, des conférences ou encore des cérémonies militaires. Il a même été engagé pour l’animation musicale des épreuves d’athlétisme des derniers Jeux olympiques d’été, à Tokyo. « Un véritable défi puisqu’il fallait mettre l’ambiance dans un stade de 110.000 places, complètement vide [à cause des restrictions sanitaires] », se remémore-t-il.

Aux JO de Paris 2024, l’enjeu sera tout autre. En « jouant à domicile », il s’expose au regard de ses proches, de sa femme et de ses enfants, mais aussi à celui des responsables de la Fédération qui ont placé leur confiance en lui. « Je ne veux absolument pas les décevoir », confie-t-il.

Le son pour accrocher le spectateur

Si la programmation musicale n’est pas forcément ce qu’on retient le plus d’un événement sportif, Sala Cissé affirme qu’elle « est cruciale pour concentrer l’attention du public. D’autant que ces dernières années, ce type de compétition relève de plus en plus du show. » Mettre une musique de victoire à chaque saut en hauteur réussit ou un son grave lorsque la tension est à son comble, au départ du 100 mètres… L’important est de « trouver ce qui fonctionne » pour théâtraliser ce qu’il se passe sur le terrain, accrocher le public, et transformer l’événement sportif en fête.

« Et surtout il ne faut pas se tromper d’hymne national au moment de la remise des médailles, pour éviter qu’une bêtise ne crée des soucis diplomatiques », plaisante, mais à moitié, le quarantenaire. Ces cérémonies restent « particulièrement chiadées ». Hymne olympique, puis hymne national du pays de chaque sportif récompensé sont de rigueur. Sa créativité musicale s’exprimera pendant l’animation des épreuves sportives, pour lesquelles il a carte blanche.

Une occasion pour le programmateur de se faire plaisir, en faisant écouter ses groupes préférés tels que Riot ou Zedd. Sala Cissé songe même à en profiter pour faire découvrir un ami musicien, en perte de motivation, pour l’inciter à remettre le pied à l’étrier.

Valoriser le patrimoine musical français

En accord avec le Comité d’organisation des Jeux olympiques (Cojo), Sala Cissé tient à mettre en avant le patrimoine musical français au cours des compétitions, tout en composant « avec ce qui se fait aujourd’hui ». Un gros travail de mixage sera donc nécessaire pour diffuser les musiques les plus connues de Johnny Hallyday, d’Édith Piaf ou encore de Jacques Brel, entre deux sons électros. « Il y aura surtout une grande partie d’improvisation, assure-t-il. On fera des tests les premiers jours, surtout le matin, pour voir ce qui prend ou non dans le public ».

Réussir un tel défi relève de la performance, pas sportive mais physique tout de même. « A la fin de certaines sessions, je suis complètement rincé, raconte-t-il. Au moindre défaut technique, il faut être très réactif tout en composant avec la nervosité. » Le passionné prévoit de mettre à profit les 478 jours restant pour se perfectionner. Cet été, il anime à Budapest les Championnats du monde d’athlétisme qui se déroulent sur deux semaines, dans des conditions similaires à celles des JO. « Cela va me servir d’entraînement. »