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Inflation : La BCE poursuit sa politique de resserrement monétaire en zone euro

« L’inflation continue d’être trop élevée pour trop longtemps », estime la Banque centrale européenne (BCE). Elle a de nouveau relevé ses taux d’intérêt jeudi mais en ralentissant le rythme, tenant compte à la fois du timide repli de l’inflation, hors prix de l’énergie, et de la faible croissance économique en zone euro. Les principaux taux directeurs ont été relevés de 0,25 point de pourcentage, comme attendu par la plupart des analystes après une série de fortes hausses depuis juillet 2022. Il s’agit de la septième hausse de taux en dix mois mais du geste le plus modéré de la BCE depuis qu’elle a commencé son tour de vis.

Les taux d’intérêt de la BCE se situent désormais dans une fourchette comprise entre 3,25 et 4 %, au plus haut depuis octobre 2008. Les gardiens de l’euro n’ont pas dévoilé, dans leur communiqué, s’il s’agit de la fin du cycle sans précédent de resserrement monétaire visant à maîtriser la flambée des prix à la consommation. Cette question devrait être au cœur de la conférence de presse de la présidente de l’institution, Christine Lagarde, à partir de 12h45.

Cette hausse plus modérée semble signaler que la BCE est « entrée dans la phase finale de son cycle de resserrement actuel », estime Carsten Brzeski, de la banque ING. En renchérissant le crédit, la BCE veut freiner la demande de prêts immobiliers, à la consommation ou pour les investissements des entreprises et ainsi faire ralentir la hausse des prix.

Une inflation à 7 % en avril

Les 26 membres du conseil des gouverneurs de la BCE disposaient d’une panoplie de données fraîches pour prendre leur décision. L’inflation en avril a navigué encore bien au-dessus de l’objectif de 2 %, regagnant 0,1 point de pourcentage, à 7,0 %, après des mois de ralentissement. Mais en excluant les prix d’énergie, de l’alimentation, du tabac et de l’alcool, l’inflation « sous-jacente » a reculé pour la première fois en un an, à 5,6 % contre 5,7 % en mars, selon Eurostat.

Un ralentissement significatif de l’inflation n’est pas attendu à court terme, à voir les hausses de salaire consenties dans plusieurs secteurs, comme en Allemagne pour les employés des services publics.

Impacts progressifs

Dans le secteur bancaire, les conditions d’octroi de prêts se durcissent comme jamais depuis la crise de la dette souveraine de 2011 et la demande de crédits s’en ressent, selon les dernières données de la BCE. Le resserrement monétaire fait ainsi progressivement son effet : « tous ces impacts vont continuer à se diffuser dans l’économie progressivement, ce n’est pas fini », a pronostiqué fin avril le chef économiste de la BCE Philip Lane.

La faible croissance du Produit intérieur brut de la zone euro, de 0,1 % au premier trimestre, atteste de la baisse de régime souhaitée par la BCE, mais aussi de la vulnérabilité de l’économie de la zone euro. Les économistes tablent sur un taux de dépôt culminant entre 3,50 % et 3,75 % d’ici le creux de l’été. « Une fois atteint ce « plateau », les taux devraient se stabiliser pendant une période relativement longue », croit Maxime Mura, gérant chez Swiss Life Asset Managers.