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Démographie : Le droit des femmes sur la procréation plus important que les huit milliards d’habitants

L’ONU remet de l’ordre dans le sens des priorités. Au lieu de s’inquiéter de savoir s’il y a trop d’habitants sur Terre – avec un pic attendu à 10,4 milliards dans les années 2080 –, le monde devrait se préoccuper des difficultés des femmes à exercer leurs droits en matière de procréation, estime le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), en charge des questions de santé sexuelle et reproductive.

Natalia Kanem, qui dirige l’organisation, juge « faux » de croire que le réchauffement climatique est dû à la prolifération des êtres humains sur une planète aux ressources limitées. D’ailleurs, les pays ayant les plus hauts taux de fécondité sont ceux qui contribuent le moins au réchauffement mais qui souffrent le plus de ses conséquences.

La population mondiale, « une raison de se réjouir »

Dans son rapport annuel sur l’état de la population mondiale, le FNUAP constate qu’il est répandu de croire que la population mondiale est trop nombreuse. L’organisation estime que le passage de la barre des huit milliards d’habitants « devrait être une raison de se réjouir » car « c’est une étape qui représente des avancées historiques pour l’humanité dans les domaines de la médecine, de la science, de la santé, de l’agriculture et de l’éducation ».

« La population mondiale se réorganise rapidement », a encore déclaré Natalia Kanem en conférence de presse, car, alors que la population atteint des records, « le taux de fécondité moyen mondial est le plus bas de mémoire d’Homme ». Le classement des pays les plus peuplés du monde devrait changer au cours des 25 prochaines années, l’Inde étant en train de détrôner la Chine.

Laisser le choix aux femmes sur la fécondité

Le rapport appelle à repenser radicalement la démographie en se concentrant sur les droits des femmes. Il constate que les gouvernements sont anxieux et adoptent de plus en plus souvent des politiques visant à augmenter, à réduire ou à maintenir les taux de fécondité. Cependant, ces efforts sont très souvent inefficaces. Selon Natalia Kanem, la question principale n’est pas de savoir si la population est trop nombreuse, mais si « chacun peut exercer son droit fondamental à choisir le nombre de ses enfants et l’espacement des naissances ? »

La réponse est négative pour près de la moitié des femmes (44 %) : « Elles ne peuvent pas choisir leur contraception, leurs soins de santé et décider si elles veulent avoir des relations sexuelles ni avec qui. Et dans le monde, près de la moitié des grossesses ne sont pas désirées ». « Chaque année, un demi-million de naissances ont lieu chez des filles âgées de 10 à 14 ans », observe ainsi amèrement Natalia Kanem.