France

Dans le Nord, les responsables d’une mosquée jouaient les banquiers

Des responsables de l’association gérant la mosquée de Villeneuve-d’Ascq, dans la métropole lilloise, seront jugés en 2024, notamment pour « abus de confiance », et « tentative d’escroquerie », a-t-on appris de leurs avocats, qui contestent toute malversation. Cinq personnes, toutes bénévoles, sont concernées dont le président, le vice-président et le trésorier du centre islamique de Villeneuve d’Ascq (Civ), l’association gestionnaire.

Placés en garde à vue en deux temps, les 16 janvier puis le 2 mai, ils ont été placés sous contrôle judiciaire en vue d’un jugement début 2024, ont indiqué deux de leurs avocats, confirmant des informations du Figaro.

Deux biens immobiliers

L’enquête avait débuté après un signalement de la préfecture, qui soupçonnait une « tentative d’escroquerie » à la suite d’une demande de subvention. L’association a « demandé 25.000 euros, notamment pour mettre des plots antivoiture bélier sur le parking », a expliqué, à l’AFP, Alexandre Demeyere-Honoré, avocat des trésorier et vice-président. L’association a fourni certains « documents sur les ressources », ne correspondant pas au « bilan définitif ».

S’ils n’ont donné qu’une « partie des comptes », c’est que le reste « n’était pas demandé », la préfecture n’a « demandé aucun complément », affirme Me Mehdi Ziatt, avocat notamment du président. Il déplore un « dossier monté en épingle ».

L’accusation reproche aussi aux suspects d’avoir acquis il y a quelques années, à travers une SCI, deux biens immobiliers destinés à la location, d’une valeur estimée par la justice à 350.000 euros. Cet « investissement locatif » avait pour but de « pérenniser les ressources de l’association », et les dirigeants n’ont « pas touché un euro », plaide Me Demeyere.

Prêts au lycée privé musulman Averroes

« On nous explique que cet investissement (…) serait fait dans le dos des adhérents », mais les statuts « prévoient » cette possibilité d’investir, et des PV d’assemblée générale prouvent que « les adhérents l’ont validé », assure Me Ziatt.

Son client, indique-t-il, est aussi poursuivi pour « exercice illégal de la profession de banquier », après des prêts consentis au lycée privé musulman Averroes, dont 200.000 euros n’ont pas été remboursés à ce stade. Depuis 2019, la région Hauts-de-France a bloqué à deux reprises les subventions annuelles du lycée, sur des soupçons de financement qatari, avant d’être désavouée par la justice administrative.

« L’association Averroes fait partie de la même fédération d’associations que le Civ », qui l’a « en quelque sorte fondée », assure Me Ziatt, jugeant dans ce cadre « tout à fait légal » d’aider le lycée. Contactés, la préfecture et le parquet n’ont pas donné suite.