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Coupe de France : « Faut-il un drame ? »… Le retour des grilles au Stade de France vivement critiqué jusqu’à Liverpool

La finale de la Coupe de France s’annonçait déjà sous tension, ce samedi (21 heures), en raison du climat social actuel en France et de la présence au Stade de France d’Emmanuel Macron. Mais la découverte vendredi, dans l’enceinte de Saint-Denis, de grilles équipées de piques en bas des deux virages, a mis le feu auprès de différentes associations de supporteurs. Côté nord (FC Nantes) et sud (Toulouse FC), plus de 20.000 fans sont attendus pour cette finale, dont les groupes ultras. La vue de ces grilles, qui n’avaient plus été utilisées en France depuis la finale de la Coupe de France 2016 entre l’OM et le PSG (2-4), a même eu un écho particulier à Liverpool.

« Moins d’un an après les horribles événements survenus au Stade de France, c’est à vomir. L’installation de clôtures dans un stade de football est une horreur. Les responsables de notre sécurité n’ont-ils rien appris des tragédies passées ? Enlevez-les ! », dénonce ainsi l’Association des supporteurs handicapés des Reds, encore traumatisée par le chaos subi autour de l’enceinte de Saint-Denis avant la finale de la Ligue des champions contre le Real Madrid.

« Un phénomène d’écrasement sur les barrières »

Il faut dire que ce dispositif de sécurité renvoie aux deux plus grosses tragédies de l’histoire du football en Europe, avec 39 morts au Heysel (Bruxelles) en 1985, puis 97 victimes décédées à Hillsborough (Sheffield) en 1989. A chaque fois, ces grilles empêchant les spectateurs de se réfugier sur la pelouse pour éviter d’être écrasés ont joué un rôle dans des drames ayant marqué à vie le club de Liverpool.

En France, l’Association nationale des supporteurs (ANS) est vite montée en créneau également vendredi : « S’il y a des incidents graves, la préfecture et la FFF devront assumer. En cas d’incident (incendie, bombe, attaque terroriste, etc.) empêchant de quitter la tribune par le haut, il y a aura un phénomène d’écrasement sur les barrières de bas de tribune. Le terrain doit être une échappatoire ».

« Les erreurs meurtrières des années 1980 »

L’ANS a annoncé vendredi soir avoir saisi le tribunal administratif d’une requête de référé-liberté, afin d’ordonner l’enlèvement de ces grilles controversées avant le coup d’envoi de cette finale Nantes-Toulouse. « Faut-il un drame pour que la France décide un jour de sérieusement travailler la question de la sécurité dans les stades ? Comment la France peut-elle commettre les erreurs meurtrières des années 1980 en Angleterre et en Belgique ? », conclut l’association.

Pourquoi ce dispositif si controversé a-t-il donc été choisi par les autorités françaises, sept ans après sa dernière utilisation, à l’occasion d’un choc entre deux clubs à la rivalité sans équivalent en France (le PSG et l’OM) ? D’après L’Equipe, c’est le récent envahissement de la pelouse de la Beaujoire, au terme de la qualification nantaise en demie contre l’OL (1-0), qui a justifié la décision de Laurent Nunez, le préfet de police de Paris. Celui-ci aurait expliqué mercredi, lors d’une réunion préparatoire à cette finale de Coupe de France, notamment en présence du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, que des incidents avaient éclaté en bas du parcage lyonnais, le 5 avril à Nantes.

« On peut ouvrir les grilles s’il y a un écrasement de foule »

Il y a un an, pareil envahissement de terrain (sans débordement) avait également eu lieu à la Beaujoire en demi-finale, mais pas en finale contre l’OGC Nice (1-0), et ce malgré l’absence de grilles au Stade de France. L’antagonisme tenace existant entre les ultras nantais et toulousains aurait également pu entrer en compte dans cette décision, tout comme donc la période de contestation en France de la réforme des retraites chère au président Macron.

Face à la polémique grimpant en flèche autour de ces grilles, Laurent Nunez a défendu son choix ce samedi sur BFM TV : « On peut ouvrir les grilles s’il y a un écrasement de foule. La Fédération française de football (FFF) et le consortium du Stade de France nous l’ont garanti. Depuis les incidents graves, notamment du Heysel, les barrières ont évolué techniquement. Elles peuvent s’abaisser en cas de pression majeure ». De son côté, l’ANS maintient une « pression majeure » sur la préfecture de police de Paris et sur la FFF : « Ils ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas. On le leur a dit. L’histoire le leur a dit ».