France

Bretagne : « Une maison sur un caillou »… Un chantier extraordinaire pour sauver le phare hanté

C’est un chantier qui s’annonce « extraordinaire ». A partir de la fin du mois d’avril, le phare de Tévennec va faire l’objet d’intenses travaux de rénovation. Plantée au milieu du raz de Sein (Finistère), cette maison-phare avait été mise en service en mars 1875 pour aiguiller les marins dans cette zone balayée par les vents et les courants qui rendent la navigation particulièrement dangereuse. 

Curieusement, le phare de Tévennec n’est pas construit en hauteur comme ses homologues de haute mer. Peu adaptée aux conditions climatiques très rudes, la maison-phare a vu défiler vingt-trois gardiens jusqu’à son automatisation en 1910. Réputé hanté et maudit, le phare de Tévennec a rendu fous bon nombre de ses gardiens. Les bruits de la mer s’engouffrant dans une cavité située sous la roche pourraient expliquer cette réputation.

Une plateforme pouvant servir d’héliport déjà installée

Longtemps abandonné, le phare avait repris vie grâce à la mobilisation de Marc Pointud. Président de la Société nationale pour le patrimoine des phares et balises, l’homme avait passé plusieurs mois seul sur le caillou. L’élan médiatique généré par cette aventure avait permis de récolter des fonds et de convaincre l’État de rénover le lieu. Vendredi, les Ateliers DLB ont annoncé que le chantier serait lancé fin avril. « C’est un chantier qui est complètement atypique de par son environnement et du fait que c’est une maison sur un caillou. L’aspect logistique relève d’un challenge pour les équipes », explique Sandrine Rolland, directrice des ateliers spécialisés dans la restauration de monuments historiques.

Le passionné Marc Pointud avait passé deux mois sur le phare réputé maudit de Tévennec, en Bretagne.
Le passionné Marc Pointud avait passé deux mois sur le phare réputé maudit de Tévennec, en Bretagne. – Loïc Venance / AFP

Une plateforme pouvant servir d’héliport afin d’acheminer hommes et matériaux a déjà été installée sur place. Une base vie de 15 m2, permettant d’abriter quatre personnes avec cuisine, douche et WC, a également été réalisée pour permettre aux charpentiers de passer la semaine sur cet îlot difficile d’accès. Il est impossible de vivre dans le phare tant son état est dégradé. « Les boiseries, les murs, les peintures et surtout la toiture… Tout est très dégradé. Le phare suinte, il est en train de décrépir », décrivait Romain Delahaye alias Molecule, un musicien qui avait passé plusieurs nuits sur le phare.

Le bâtiment se dégrade tellement « qu’il y aurait un risque à terme d’effondrement de toiture ou de plancher. Or, si la maison tombe, le phare ne tiendra pas », prévient Jean-Charles Caraes, directeur des travaux. Les Ateliers DLB doivent remplacer la charpente et le plancher tandis qu’une nouvelle toiture en cuivre sera installée par Aubert Couvertures d’ici à fin septembre. Les travaux, d’un coût de plus de 600.000 euros, sont soutenus par le fonds d’intervention maritime, créé par le ministère de la Mer.