Tunisie

Jaâfar Guesmi se lamente sur son commerce…Et s’il sauvait l’essentiel ?

L’information circule sur réseaux sociaux : la boutique de J. Guesmi a fait faillite et il dit qu’elle a englouti ce qu’il a et n’a pas…

Pourquoi ce manque de dignité ?… Quand il amassait de quoi ouvrir un commerce dans l’un des espaces les plus chers de Tunis, il ne se lamentait pas, ne réfléchissait pas non plus…

C’est qu’avec son populisme, ses programmes bas de gamme, sans aucune élévation ludique, sociale ou culturelle, en plus du dialectal paysan affecté dont il usait exagérément sur le petit écran, il n’a pas réalisé qu’il s’adressait, au plus, au moyen des Tunisiens, en quête de petites distractions, en ces douze années où il tente de noyer ses soucis et ses malheurs dans ceux des autres. Le reste, quand il lui arrivait de le regarder, regrettait presque jusqu’au rare sourire qu’il réussissait à leur arracher, ici ou là.

Quelle mouche l’a donc piqué pour s’offrir une boutique dans l’un des centres les plus huppés de Tunis ? Car quand bien même certains parmi les habitués de ces lieux, qui en ont les moyens mais qui ne brillent pas tellement par une culture ou un intellect particuliers, comptent parmi ses fans, ils ne vont pas s’habiller chez leur « bouffon »…quelle que soit la qualité de du produit qu’il propose.

Si Taoufik Jebali, Raouf Ben Amor, Kamel Touati…à l’humour fin, si élevé du simplisme, avaient monté le même projet (ce qui est impossible, connaissant ces artistes), leur commerce n’aurait pas désempli… C’est que leur public n’est pas, dans sa majorité, celui de Guesmi qui, de surcroît, n’a rien de leur image, de leur prestance ou de leur parler. En fait, il s’est évertué, à travers la télé, à être tout à leur opposé…

Qu’on n’interprète pas ces mots comme un dénigrement des dialectes régionaux purs; car j’adore écouter mes amis parler le leur si distinctif, spontanément et naturellement (n’est-ce pas les gars « Aouled Boumakhlouf », chère Malika Hechmi-Mejri, Abdelkader Mokdad dont je regrette l’hibernation, mon ami Mondher Kalaï la classe…), mais quand on les « utilise » pour l’apparat, en en sélectionnant « l’utile » par populisme, sinon mercantilisme, je sens qu’ non les dénature, croyant qu’on peut en profiter et, éventuellement, s’enrichir avec. Guesmi vient de découvrir que ce n’est pas le cas…

C’est qu’à part qu’on ne s’improvise pas commerçant, « habilleur » haut de gamme, quand on s’est englué dans le moule d’ »amuseur », sans autre prétention, il fallait à la limite, qu’il cherche un commerce et un lieu qui correspondent à cette image.

Enfin, au lieu de porter un coup à sa dignité en rendant publics ses problèmes d’argent, ne devrait-il retrousser ses manches, dépoussiérer ce qu’il a appris dans son institut supérieur, se remettre à travailler comme comédien et metteur en scène (Il a-vait- des dons de peintre aussi), domaines où il promettait beaucoup, avant de céder à la « corruption » des propriétaires de chaînes TV qui ont fait de lui autre chose que ce dont il rêvait ? La facilité et le populisme ne résistent pas au facteur temps.

Slah Grichi