France

Bretagne : Non, les propriétaires de résidences secondaires ne sont pas en majorité des Parisiens

On savait déjà que les Bretons étaient chauvins et complètement dingues de leur région. On en a désormais une nouvelle preuve avec une étude de l’Insee qui vient d’être publiée jeudi. Elle se penche sur le sujet sensible des résidences secondaires, qui sont légion en Bretagne avec 233.600 biens recensés, soit 12 % de l’ensemble des logements. En France, seules les régions Corse, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Occitanie ont un taux de résidences secondaires plus élevé.

Mais plus intéressant encore, l’étude s’intéresse pour la première fois au profil des propriétaires. Sans trop de surprise, on apprend que ces derniers sont en grande majorité des personnes âgées, avec 68 % d’entre eux qui ont au moins 60 ans. Les détenteurs de résidences secondaires sont également bien plus aisés que la moyenne, puisque 22 % disposent d’un revenu disponible annule supérieur à 80.000 euros, alors que le revenu disponible annuel médian des ménages français était en 2018 de 30.620 euros.

Des résidences qui accentuent la crise du logement

L’origine de ces propriétaires est par contre bien plus surprenante. Accusés par les locaux d’envahir la Bretagne, les Parisiens ne sont en effet pas les premiers détenteurs de résidences secondaires dans la région. Non contents d’y habiter, ce sont les Bretons qui dominent ce classement, avec 43 % des résidences secondaires qui leur appartiennent. Dans la grande majorité, leur maison de vacances est d’ailleurs située dans le même département que celui où ils résident à l’année. Des chiffres qui viennent un peu démonter l’idée reçue d’un marché immobilier breton accaparé par les Parisiens, même si 30 % des détenteurs sont quand même domiciliés en Île-de-France.

« Cela vient atténuer ce cliché en effet », reconnaît Nil Caouissin, pas si surpris que ça par les chiffres dévoilés par l’Insee. Le conseiller régional connaît bien le sujet des résidences secondaires. L’élu UDB (Union démocratique bretonne) en a même fait depuis quelques années son cheval de bataille. Car comme d’autres régions touristiques, la Bretagne est frappée par une crise du logement, avec des locaux qui peinent à se loger en raison de la flambée des prix. C’est particulièrement le cas sur le littoral, où les maisons ne manquent pourtant pas. Mais beaucoup d’entre elles sont des résidences secondaires et restent vides une bonne partie de l’année. Dans certains secteurs, comme la Côte d’Émeraude ou celui d’Auray-Quiberon, la part des résidences secondaires avoisine ainsi les 35 %.

Statut de résident et taxation des résidences

Pour mettre fin à cette enfilade de maisons aux volets fermés, Nil Caouissin défend depuis 2021 l’idée d’un statut de résident en Bretagne. « Seules les personnes qui résident depuis un an sur certains territoires pourraient avoir le droit d’acheter », résume-t-il. Une mesure qui permettrait selon lui de réduire la demande de résidences secondaires « de 80 à 90 % ». Sa proposition étant loin de faire l’unanimité au sein de l’hémicycle régional, l’élu UDB milite également pour l’instauration d’une taxe régionale « modulée et progressive » sur les résidences secondaires.

« Il faut que les choses avancent pour réguler l’immobilier dans les zones tendues et touristiques en Bretagne, estime-t-il. En tout cas, on voit qu’il y a une prise de conscience importante, notamment au sujet d’Airbnb qui crée des tensions nouvelles dans les zones urbaines, et c’est une bonne chose. »