Sport

Rik Verbrugghe, dernier Belge à avoir porté le maillot rose : “Je ne me fais aucune illusion, car Remco va gagner le Giro…”

Le Liégeois avait réussi son exploit et établi un record de vitesse (58,874 km/h à la faveur du fort vent qui soufflait favorablement) dans les Abruzzes, à une trentaine de kilomètres duquel sera disputée l’étape chronométrée initiale du Giro, ce samedi, entre Fossacesia Marina et Ortona, sur 19,6 km. “Les chronos vont être primordiaux pour le classement final, confie l’ancien vainqueur de la Flèche wallonne. Avec leur kilométrage total (70 km), Remco est vraiment à son avantage par rapport à Primoz Roglic mais il y a d’autres coureurs à ne pas négliger. Il ne faut pas réduire ce Tour d’Italie à un duel, il y a des étapes difficiles, cela dure trois semaines, tout peut arriver. Pourtant, sur papier, cette édition est vraiment à l’avantage de Remco Evenepoel.”

Les six défis de Remco Evenepoel au Giro 2023

D’emblée, Rik Verbrugghe pourrait ne plus être le dernier Belge à avoir été vêtu de rose. “Il y a deux ans déjà, ça s’est joué à peu que Remco le prenne, dit-il. Je ne me fais aucune illusion, bientôt, ce ne sera plus moi le dernier car je pense qu’il va gagner le Tour d’Italie et sans doute va-t-il s’en emparer dès cette première étape. Pour moi, ce serait une fierté de lui céder le flambeau car lui est vraiment capable de gagner le Giro.”

Giro D italia, proloog, Dimontesilvano-Pescara: Rik Verbrugghe, foto Marketa Navratilova Cor Vos ©2001
Il y a 22 ans, Rik Verbrugghe avait enlevé le prologue du Tour d’Italie.

La première étape présente un tracé plat pendant 16 km puis accidenté, à partir du port d’Ortona, jusqu’à l’arrivée avec une côte de 1,3 km à 5,4 % et un passage maximal à 8 %, suivie par une petite descente et un faux plat d’un kilomètre à 2 %. “Evenepoel était encore sur le podium du dernier Mondial de la spécialité, pour la troisième fois je pense (NdlR : trois médailles de bronze), il a été champion d’Europe, il a gagné de nombreux contre-la-montre, c’est vraiment un spécialiste, continue-t-il. Surtout, par rapport aux grimpeurs, alors que lui peut rivaliser avec un rouleur comme Filippo Ganna. À mes yeux, l’Italien est le seul à pouvoir le concurrencer ce samedi. Le tout est de voir comment il s’est préparé après les classiques. La finale de ce chrono convient à Remco, plus que si l’on restait vingt kilomètres en bord de mer, mais c’est aussi un petit plus pour les grimpeurs qui sont en bonne forme au début de la course et qui vont perdre moins de temps.”

guillement

« Sa forme ne va faire que s’accroître encore au fil des semaines. »

Pour l’avoir côtoyé en sélection nationale, le triple vainqueur d’étapes du Giro connaît les qualités de rouleur d’Evenepoel. “Remco a l’aérodynamisme et la puissance, dit-il. Combinez les deux, watts et aéro, sur un vélo et vous avez un véritable spécialiste. Malgré sa relative petite taille (NdlR : 1,71m), il développe une puissance peu commune et en plus, il bénéficie d’un excellent coefficient de pénétration dans l’air. On connaît tous sa position, tête et corps baissés, c’est idéal pour l’effort en solitaire ou lorsqu’il s’échappe.”

Primoz Roglic avant le Giro 2023: “Remco n’a déjà plus rien à prouver”

Pour la suite du Tour d’Italie, Rik Verbrugghe est confiant. “Il a énormément évolué ces dernières années, poursuit-il. Il est désormais très complet. Certains avaient émis des doutes sur plusieurs aspects, sur ses qualités d’habilité sur un vélo par exemple, surtout après sa chute en Lombardie. Il a rapidement comblé ses lacunes car il avait débuté tard le cyclisme. Il a une équipe autour de lui qui est très solide, capable de contrôler la course comme elle l’a fait à Liège-Bastogne-Liège et avant cela au Tour de Catalogne. S’il prend le maillot samedi, ils sont assez intelligents pour laisser aller une échappée un jour ou l’autre et ne pas devoir supporter tout le poids de la course jusqu’à Rome, même si Soudal Quick-Step devra quand même la contrôler. Remco est mon favori numéro 1, plus que Roglic. À Liège, il reprenait après un stage en altitude dont il avait récupéré. C’était sa première course et il était déjà au top niveau. Sa forme ne va faire que s’accroître encore au fil des semaines. Il est quasi au maximum mais il va encore s’améliorer au niveau de l’intensité, du rythme de la course, de la récupération qui va jouer un rôle important. Il n’est pas à bout de souffle, avec le risque de vivre une fin de Giro difficile. C’est pour cela que je le vois gagner le Tour d’Italie, c’est très clair pour moi.”

Giro D'Italia, foto Marketa Navratilova/Cor Vos ©2001 Rik Verbrugghe
Rik Verbrugghe en rose, il y a 22 ans…