France

Bretagne : « Il y a urgence »… L’agriculture bio craint pour sa survie

Ils ont manifesté mais pas contre le projet de réforme des retraites. Environ 200 personnes, agriculteurs, membres d’associations ou syndicalistes, se sont rassemblées jeudi devant la préfecture de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) pour « sauver » l’agriculture bio et réclamer un soutien de l’État pour surmonter la crise actuelle. « Soutenir le bio, c’est l’intérêt général. C’est préserver la santé des gens, c’est protéger l’eau, c’est protéger la biodiversité », a souligné René Louail, ancien agriculteur et porte-parole du collectif de soutien aux victimes de pesticides.

Pour Dominique Le Goux, chargée de mission Santé Pesticides à Eau et Rivières de Bretagne, l’agriculture bio « permet de protéger notre ressource en eau. » « C’est une plus-value très nette » pour la collectivité, ne serait-ce qu’en réduisant le coût des traitements nécessaires pour rendre l’eau potable, résume-t-elle. A l’heure où l’eau devient rare, « des dizaines de captage sont fermés en Bretagne pour cause de pollution », principalement aux pesticides et « on ne peut pas s’en priver », a-t-elle indiqué.

Des aides « pas à la hauteur des besoins »

Une délégation a été reçue par le préfet auquel elle a rappelé « l’urgence » de la situation, en particulier pour les producteurs de porcs bio qui sont les plus touchés. L’aide de l’État, annoncée récemment, de 10 millions d’euros pour les producteurs bio, est considérée par la filière comme « pas à la hauteur des besoins », a rappelé la délégation. La région Bretagne a pour sa part annoncé la semaine dernière une aide de 5,5 millions d’euros en 2024. « C’est maintenant qu’il y a urgence car une partie des bio ne passeront pas l’été », a jugé René Louail. Les participants ont également réclamé l’application de la loi Egalim qui prévoyait dès 2022 20 % de bio dans la restauration collective publique, type cantines scolaires ou hôpitaux. « Si la loi était respectée, il n’y aurait pas de paysans bio avec ces difficultés », a estimé Thierry Thomas, de la Confédération Paysanne.

Selon les derniers chiffres de la chambre régionale d’agriculture, les installations d’agriculteurs se font désormais pour 40 % en bio en Bretagne. Le cap des 4.000 fermes bio a été franchi en 2022, soit 15,4 % du total, contre 12,4 % en 2019. Les deux grands secteurs de production en bio sont les bovins/lait et la production de légumes.