France

Brest : « Il y a encore une justice en France »… Un dépanneur qui avait refusé la réquisition du préfet relaxé

Il a refusé de se plier aux injonctions et a obtenu gain de cause devant la justice. Poursuivi pour avoir refusé une réquisition du préfet, en mars 2022, à la suite du blocage du dépôt pétrolier de Brest, un dépanneur a été relaxé, ce lundi, par le tribunal correctionnel de Brest. « Il y a encore une justice en France », s’est réjoui Dominique Tanguy, 52 ans, venu assister au délibéré en tenue de travail. « Il n’y a aucun précédent, je suis le premier dépanneur-remorqueur à être assigné au tribunal pour un refus de réquisition. Ça veut dire que maintenant la porte est ouverte à de nouveaux refus peut-être », a ajouté le garagiste, qui avait déjà refusé une réquisition du préfet en 2018, dans les mêmes conditions.

Dominique Tanguy avait été sollicité le 17 mars 2022 alors que des professionnels du BTP bloquaient le dépôt de pétrole de Brest avec des engins de chantier depuis plus de deux mois pour protester contre la hausse des prix des carburants. Mais le dépanneur avait refusé d’intervenir, arguant du fait que les manifestants étaient ses clients et qu’il craignait pour la sécurité de ses employés.

« Pas d’urgence à faire enlever les poids lourds »

Lors de l’audience du 30 janvier, le parquet avait requis une amende de 850 euros à son encontre. « Si Dominique Tanguy avait été condamné, le préfet pouvait lui interdire sa profession, c’était le risque que nous encourions », a expliqué Bertrand Labat, avocat du dépanneur. Selon le tribunal de Brest, il n’y avait pas « une particulière urgence à faire enlever les poids lourds présents sur la chaussée au soutien des manifestants ».

« En outre, il n’est établi ni que le retrait des engins aurait pu se faire dans des conditions de sécurité suffisantes ni que ce retrait aurait suffi à faire cesser le trouble manifeste à l’ordre public constaté », selon le jugement. « Le problème de la France, c’est un peu ça maintenant : on fait grève mais on est réquisitionné. Y’a plus de droit de grève en fait », a estimé Dominique Tanguy.