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Bayern Munich – Manchester City : Analyse de la « disaster class » de Clément Turpin, bien aidé par le VAR

« Ça gâche le plaisir ». Difficile, mercredi soir, de ne pas partager l’analyse d’Habib Beye sur Canal, qui regrettait à la fin de ce Bayern-City très animé que le match ait été pollué par des décisions arbitrales plus que contestables. Les deux penalties sifflés par Clément Turpin pour des mains vraiment (vraiment) pas intentionnelles n’ont certes pas eu d’influence sur le résultat final, Erling Haaland ayant eu la bonne idée de rater celui offert en première période alors que le score était toujours de 0-0 et que le Bayern faisait tout pour entamer l’opération remontée, mais cela ne doit pas occulter l’aberration des décisions du sifflet français.

Comme trop souvent depuis l’instauration du VAR, l’arbitre a semblé engoncé dans un règlement et un appui vidéo qui éteignent tout discernement. On fait le point sur les reproches faits à Clément Turpin, règlement de l’Ifab (l’International Board en charge des règles du jeu dans le foot) à l’appui.

1- Le péno contre le Bayern Munich

Le contexte : On vient de passer la demi-heure de jeu, le Bayern, qui a trois buts à remonter après le match aller, s’est procuré deux, trois grosses occasions pour ouvrir le score et lancer la remontada. Ça ne passe pas pour l’instant mais les Bavarois ne sont pas encore morts. Sur une incursion mancunienne dans le camp adverse, Gundogan déclenche une frappe repoussée par Sommer. Turpin siffle, dans l’incompréhension générale. On a besoin du ralenti pour voir qu’Upemacano a dévié le ballon de la main.

Upa fait main.
Upa fait main. – Capture d’écran

La question : L’arbitre ne doit-il pas tenir compte de l’intention montrée par Upamecano de ranger ses mains du mieux qu’il peut ?

Upa voulait pas faire main.
Upa voulait pas faire main. – Capture d’écran

La réponse : OUI. C’était justement l’objectif de l’Ifab quand il a pris le soin dans une mise à jour du règlement en mars 2021 de préciser dans quels cas il fallait siffler des mains dans la surface et lesquels il ne fallait pas le faire. Après avoir rappelé en préalable que « tout contact de la main ou du bras d’un joueur avec le ballon n’est pas une infraction », le Board a expliqué qu’il y avait main seulement si le contact n’est « pas justifié par le mouvement du corps du joueur pour cette situation spécifique ». Le défenseur français ne pouvait pas faire beaucoup mieux sur le coup.

De plus, les arbitres sont désormais clairement invités à « user de leur jugement » plutôt que de siffler systématiquement. Clément Turpin aurait donc dû tenir compte de l’attitude d’Upamecano, du fait que sa déviation n’a pas eu d’influence sur sa trajectoire et l’arrêt de Sommer, et du moment du match, alors qu’il restait un semblant de suspense.

2- Le péno contre Man City

Le contexte : On joue la 80e minute, le Bayern a compris depuis longtemps qu’il ne verrait pas les demies. Sur une percée dans le coin de la surface, Sadio Mané, au duel avec Manuel Akanji, centre comme il peut avant que le ballon ne franchisse la ligne. Clément Turpin désigne le point de corner, mais demande soudain au tireur de patienter. Ses collègues dans le camion vidéo ont revu l’image et lui demandent d’aller vérifier par lui-même. Coincé, l’arbitre français est bien obligé d’accorder le penalty.

La question : Les assistants vidéo ont-ils bien fait d’intervenir ?

La réponse : NON. Dix fois non. Encore une fois, l’Ifab l’a bien spécifié dans sa mise au point. « Nous insistons auprès des VAR sur le fait qu’ils doivent intervenir uniquement si un arbitre a commis une erreur manifeste ou manqué un incident grave. » Ne pas siffler sur ce ballon qui atterrit par hasard sur la main du défenseur de City dans le coin de la surface ne peut pas être considéré comme une erreur manifeste. Ou comme l’a dit Michael Ballack au micro de DAZN, « si c’est un penalty, on peut arrêter le football ».

Main volontaire qui empêche une occasion nette, scandale (non).
Main volontaire qui empêche une occasion nette, scandale (non). – Capture d’écran

3- Bonus : Le rouge de Thomas Tuchel

Le contexte : 86e minute, Aymeric Laporte grimpe sur Kingsley Coman et manque de l’étrangler pour ne pas laisser filer le Français en contre. Faute sifflée, jaune logique pour le défenseur de City, mais Tuchel sort de ses gonds. Ce n’est pas la faute qui l’excède, mais le fait que Ruben Dias soit passé par là pour envoyer le ballon loiiiiiiin dans les tribunes pour gagner du temps après le coup de sifflet de l’arbitre. L’Allemand entre carrément sur le terrain pour gueuler un bon coup auprès de Turpin, qui répond en l’envoyant rejoindre le ballon dans les gradins.

La question : Tuchel méritait-il d’être exclu ?

La réponse : On l’aime beaucoup, mais oui, pour l’ensemble de son œuvre. Survolté, l’Allemand a passé son match à hurler sur tout ce qui bouge comme un Marc Madiot regardant Thibaut Pinot jouer la gagne en haut du Tourmalet.