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Bayern – Manchester City : « Haaland est un gars drôle »… La vraie fausse mue médiatique du Norvégien

Erling Haaland est grand, blond, disgracieux mais surtout beaucoup trop fort pour le commun des mortels. La preuve, les seuls à qui il nous vient l’idée de le comparer sont des personnages fictifs : Ivan Drago, Thor, Brienne of Tarth, Paul Mirabel… ah non zut. A leur différence, le Norvégien de Manchester City ne tue qu’au sens figuré et rarement avec panache, mais sa seule efficacité suffit à le classer parmi les astres. Samedi, contre Leicester, en Premier League, il a claqué un doublé en 25 minutes avant de sortir à la mi-temps, et on ne parle pas même pas de son quintuplé de l’espace face à Leipzig en 8es de finale de Ligue des champions.

Au printemps bien installé et pour sa première saison en Angleterre, Haaland en est donc à 47 buts en 40 matchs. Et à moins d’être un mécano du football et s’appeler Thierry Henry pour évoquer la marge de progression de l’attaquant sur la variété de ses appels en fonction des préférences de ses coéquipiers, on ne lui trouve déjà plus d’axes d’amélioration.

Un chambreur insoupçonné

Il faut donc s’exporter hors du terrain pour trouver de quoi perfectionner le blondinet. En janvier, dans le journal L’Equipe, l’agente Rafaela Pimenta exhortait son joueur à « affirmer sa personnalité pleine de joie face aux médias », pour se défaire de l’étiquette robotique qui lui colle à la peau et a poussé So Foot à s’interroger, à juste titre, si, tout compte fait, Erling Haaland n’était qu’un simple cyborg.

Pour Pimenta, exposer l’enthousiasme de son client revient autant à lui rendre justice qu’à assurer un SAV qui n’avait jusqu’ici jamais été réalisé. A Salzbourg, il était le « wonderkid » au sommet de la hype. A Dortmund, il s’est contenté de poursuivre sur cette voie, sans chercher à apporter une touche d’humanité à sa réputation de brute épaisse. Il avait tout au plus vaguement attiré la sympathie en chambrant le PSG en 8e de finale aller de Ligue des champions (2020) et en boudant sur sa note sur FIFA 22, moins bonne que celle de Mbappé. Rien de plus.

Ce n’est donc qu’aujourd’hui que l’on découvre Haaland. Le personnage se résumerait à autre chose que des grosses frappes, du travail en salle de muscu, des bains de soleil matinaux, de la cryothérapie et des légumes (même qu’il mange des lasagnes préparées par son père avant chaque match). Joies de l’archéologie numérique, à force de gratter sur google, on finit par trouver des qualités humoristiques au Norvégien. L’été dernier, Jack Grealish confiait ainsi que son nouveau coéquipier l’avait chambré dès les premiers instants sur son prix pour balayer les attentes. « Il m’a dit : ‘’j’ai coûté deux fois moins cher que toi, donc je n’ai pas la pression’’. » BAM !

Il joue le jeu des caméras mais « ne fait pas d’extras »

« Je le trouve assez divertissant et drôle quand il passe face à la caméra », concède Sam Lee, journaliste et suiveur averti de Manchester City pour The Athletic. Ce dernier est en revanche un peu plus sceptique sur le prétendu changement de cap médiatique du buteur des Skyblues.

« Je ne vois pas beaucoup de différence depuis le début. Il honore les interviews obligatoires face aux caméras après les matchs, mais c’est tout. Le week-end dernier, Haaland est passé devant nous en zone mixte pour la 2e fois de la saison. C’était assez marrant, il y avait Bernardo Silva avec lui, il a attrapé Haaland et l’a un peu jeté dans la fosse aux lions en nous demandant « hey vous voulez parler avec Erling ? » Mais il a tracé sa route, dommage pour nous. Tout ça pour dire qu’il ne fait pas d’extras. »

En comparaison, Kylian Mbappé, c’est Byzance. Mais n’accablons pas le Scandinave, loin d’avoir le monopole du mutisme face aux médias non-détenteurs de droits à la sortie du stade. Plus grand monde ne nous parle, et Haaland suit le mouvement. Pour l’image, mieux vaut s’adresser aux caméras. Et sur ce terrain-là, bien qu’il reste difficile pour nous Français de mettre la main sur des journalistes bord terrain qui ont eu la chance de lui parler, il y a une nette amélioration depuis son arrivée dans le nord de l’Angleterre.

Les récentes clowneries d’Erling Haaland :

>Je soulève Bernardo Silva comme un dégénéré pour célébrer un but

>Je me fous de la gueule de Stones en imitant son accent français. « Le Louuuuvre »

> Je tonds la pelouse de l’Etihad Stadium et m’emmerde comme un rat mort dans un spot pour Sky Sports pendant que tous mes coéquipiers sont au Qatar pour la Coupe du monde

>Je chambre Micah Richards et Jamie Carragher et m’assois à la table de Thierry Henry (contexte : invité sur le plateau de Paramount aux côtés des trois anciens joueurs après son quintuplé face à Lepizig, Haaland lance subtilement à Titi « je crois que tu es le seul ici à savoir comment marquer beaucoup de buts », provoquant l’hilarité générale)

> Je juge ma prestation « merdique » lors d’une flash-interview, me fais censurer et reprendre par le journaliste qui me demande de surveiller mon langage

>Je chambre un joueur d’Everton en enchaînant 56 grimaces différentes en moins de deux secondes

>Je suis masochiste : « Les gens vont penser que je suis un psychopathe, mais j’aime bien prendre des coups (pendant un match). »

« C’est tout un personnage, et c’est ce qu’il fait qu’il est vraiment apprécié, commente le journaliste de The Athletic. C’est un joueur qui paraît ne pas avoir d’ennemis. Aimer Haaland semble même être quelque chose de naturel. A Manchester en tout cas, il fascine. Les gens veulent aller au stade pour l’admirer en chair et en os. » Pour le voir marquer beaucoup de buts, évidemment. Et rire, pourquoi pas.