France

Congrès de la CGT : Revers majeur pour Philippe Martinez après un vote de défiance inattendu

Coup de théâtre à la CGT. Ouvert dans une atmosphère très tendue lundi, le 53e Congrès du syndicat de gauche a été la scène d’un vote de défiance inattendu vis-à-vis de la direction sortante. Les délégués présents à la Grande Halle d’Auvergne, dans l’agglomération de Clermont-Ferrand, ont rejeté par 50,32 % des suffrages exprimés le rapport d’activité de la direction sortante, un revers majeur pour Philippe Martinez et la candidate qu’il avait choisie pour le remplacer, Marie Buisson.

« C’est une première pour la CGT des temps modernes », a estimé auprès de l’AFP Jean-Marie Pernot, politologue spécialiste de l’histoire des syndicats. « C’est un désaveu de tout ce qui a été mené par la direction sortante », a réagi auprès de la presse Céline Verzeletti, co-secrétaire générale de l’UFSE (Union fédérale des syndicats de l’Etat), de plus en plus ouvertement candidate à la succession de Philippe Martinez.

Ce scrutin est un « vote par mandats », ce qui signifie que le vote de chaque délégué a été « bien débattu » au sein des syndicats, « ce n’est pas un vote d’humeur (…) donc ce n’est pas un petit signal envoyé à la direction sortante », a-t-elle souligné.

Un manque de concertation

Durant tout l’après-midi, les orateurs s’étaient succédé à la tribune pour critiquer les orientations de la direction sortante, et le défaut de démocratie interne à la CGT. Ils ont notamment dénoncé l’approbation par Philippe Martinez de l’idée d’une « médiation » sur le dossier des retraites, avancée mardi matin par son homologue de la CFDT Laurent Berger. « Camarade Philippe Martinez, qui t’a donné mandat pour parler de médiation alors que les travailleurs sont dans la rue ? », l’a interpellé Murielle Morand, de la fédération de la chimie.

Des congressistes ont fustigé un manque de concertation concernant le travail de rapprochement entre la CGT et les syndicats FSU et Solidaires, ou lors de la création en 2020 du collectif « Plus jamais ça », réunissant syndicats, ONG et associations pour aborder de front les questions écologiques et sociales. Certains se sont insurgés contre des tribunes signées avec des syndicats réformistes, ou avec le Medef.

Céline Verzeletti « disponible » pour prendre la tête du syndicat

Plus tôt dans la matinée, en marge de la manifestation à Clermont-Ferrand dans le cadre de la 10e journée d’action contre la réforme des retraites, Céline Verzeletti s’était dite « disponible » pour prendre la tête d’une CGT « beaucoup plus offensive ».

Philippe Martinez avait, lui, fait ses adieux à la presse en se félicitant que la CGT soit une « organisation vivante », ouverte au « débat démocratique ». « L’ensemble des syndiqués que je vois sont fiers d’être à la CGT, de ce qu’elle mène dans cette lutte avec les autres organisations syndicales. C’est l’image d’une organisation contestataire et qui fait des propositions, c’est une image de la CGT telle qu’elle est et pas telle que parfois on essaye de la caricaturer. »