France

Amputé d’une jambe, il court 100 marathons en cent jours pour la bonne cause

« Aujourd’hui, je me sens bien. J’ai fait une étape de plus, les sensations n’étaient pas trop mauvaises. Après une bonne nuit de repos, je vais remettre les compteurs à zéro. » Guy Amalfitano termine tout juste la 33e étape de son périple : parcourir l’équivalent de 100 marathons en autant de jours, le tout en béquilles. L’objectif pour celui qui est amputé de la jambe droite depuis l’âge de 17 ans ? Récolter des fonds et les reverser à des associations. « Je traverse 12 régions de l’Hexagone et chacune d’entre elles a son association », relate ce jeudi le sportif dont le sourire s’entend à l’autre bout du fil. Parmi celles-ci, « Médoc Enfance Handicap », qui réunit des parents d’enfants en situation de handicap dans le nord-ouest de la Gironde, ou encore « C un ESPOIR », qui vient en aides aux familles bretonnes ayant un enfant atteint de cancer.  

Suivi par de camping-car, sa « base logistique » dans laquelle il « vit, dort, mange et mets à jour son site internet », Guy Amalfitano arpente donc les routes pour boucler un tour de France dans le sens des aiguilles d’une montre. Avec lui, huit chauffeurs se relaient pour l’accompagner dans son aventure. « Actuellement, j’en suis à mon troisième, celui-là va me conduire jusqu’à Mantes-la-Jolie », explique-t-il du fond de son véhicule.

Au total, Guy aura parcouru près de 4.300 kilomètres au 24 juin, date prévue de sa toute dernière étape. « Là je suis au-dessus du marathon par jour », affirme-t-il, non sans fierté. Même si l’athlète n’en est pas à son coup d’essai : « J’ai déjà fait plus long, lors de mon dernier périple, en 2017, j’ai traversé d’Est en Ouest le Canada ? Ça correspond à plus de 7.000km. Ce sera moins long, mais plus intense. » Et on s’imagine aisément que ces aventures ne se rapprochent pas vraiment de ce qui ressemble à une promenade de santé : « C’est ce qui les rend aussi belles ».

« Il peut y avoir des blessures »

Toujours aussi optimiste, Guy Amalfitano évoque ses difficultés. « Au début, j’ai eu d’énormes ampoules aux mains, qui m’ont fait terriblement souffrir et ça a duré pendant presque une dizaine de jours, se souvient celui qui avait été contraint d’abandonner un défi en 2022. Ça m’a déclenché une tendinite à l’avant-bras. Il m’a fallu une bonne quinzaine de jours avant que je n’aie plus du tout de bobos. Il a fallu passer le cap de la souffrance. »

Rien de bien surprenant pourtant : « Quand on commence à partir dans des périples comme ça, où l’effort physique est très intense, il peut y avoir des blessures. » Même s’il admet que « dans une configuration normale, avec moins d’expérience et avec ces douleurs, on peut vite arrêter ». Et quand Guy en a fini de serrer les dents, des pépins d’une autre nature peuvent se mettre parfois en travers du chemin… « On était en train de traverser la Bretagne quand le camping-car est tombé en panne, se souvient-il. L’une des étapes m’emmenait chez une dame dont le fils est malheureusement décédé et à qui je voulais rendre hommage. Et, par chance, il s’avère que la compagne de cette dame travaille chez Volkswagen et elle a pu nous trouver un van aménagé ». Il aura fallu déplacer le minimum vital dans un espace plus petit, mais là encore, pas de quoi affecter la motivation du Béarnais.

« Tout tourne autour des gens, du relationnel »

Et quand des personnes se déplacent au bord des routes pour l’encourager, ou le localisent grâce à sa balise GPS pour courir à ses côtés le temps de quelques kilomètres, Guy « reprend des forces pour la suite, pour moi tout tourne autour des gens, du relationnel ».

Après avoir traversé la Nouvelle-Aquitaine et la Bretagne, le presque sexagénaire se réjouit de l’engouement que fédère son aventure : « Je ne demande pas un accueil incroyable à chaque fin d’étape, ce que je veux c’est de la mobilisation autour de l’événement ». Et pour cause, l’homme de 59 ans, qui a lancé une cagnotte en ligne dont il partagera les fonds à la fin de son aventure, tire ses revenus de dons ou bien du merchandising qu’il propose à la vente sur son chemin.

« Pour le moment, c’est une réussite, ce que j’imaginais est en train de se réaliser, confie l’athlète toujours optimiste. Depuis le début, il y a eu de grosses mobilisations en Aquitaine et en Bretagne, alors on verra pour la suite. » Comme pour piquer l’orgueil des régions qu’il s’apprête à traverser.