Belgique

« Un cap important »: le nombre de chômeurs passe sous la barre des 300.000, une première depuis 1977

Au rayon des bonnes nouvelles, on peut souligner le recul du chômage. En 2022, le nombre de chômeurs complets indemnisé demandeurs d’emploi (CCI-DE) est passé sous la barre des 300.000, soit le niveau le plus bas depuis 1977 et le second choc pétrolier. « Un cap important et une très bonne nouvelle pour notre société« , se réjouit Jean-Marc Vandenbergh, administrateur-général de l’Onem. En 2022, une moyenne mensuelle de 291.694 CCI-DE a ainsi été enregistrée, contre 321.502 en 2021. Si ce nombre a diminué dans chacune des trois régions, la baisse reste plus marquée en Flandre (-13,7%) qu’en Wallonie (-6,4%) et à Bruxelles (-6,7%).

Le nombre de chômeurs complets indemnisés demandeurs d'emploi atteint son niveau le plus bas depuis 1977.
Le nombre de chômeurs complets indemnisés demandeurs d’emploi atteint son niveau le plus bas depuis 1977. ©D.R

Le chômage temporaire toujours largement utilisé

Le chômage temporaire a lui aussi reculé: 486.071 chômeurs temporaires ont été comptabilisés en 2022, contre 756.699 en 2021, soit une baisse de 35,8%. Ce nombre reste toutefois largement supérieur au niveau pré-Covid (+66% par rapport à 2019). « Ce dispositif a parfaitement assuré sa fonction protectrice face à la crise énergétique, exacerbée par les tensions géopolitiques« , analyse Jean-Marc Vandenbergh. Dans les détails, on observe en effet que les raisons économiques ont été invoquées par 18,2% des travailleurs placés en chômage temporaire, contre moins de 1% en 2021. La force majeure (coronavirus) est resté le motif invoqué par près de 7 travailleurs sur 10, mais devrait redevenir marginale en 2023. A noter que le chômage temporaire a considérablement baissé par rapport à 2021 dans les secteurs de l’hébergement et de la restauration, ainsi que dans celui des arts, spectacles et activités récréatives, coïncidant avec la fin des restrictions sanitaires.

Une étude de l’Onem pointe le manque d’efficacité de la dégressivité des allocations de chômage

Le congé parental en hausse

L’année 2022 a été marquée par une légère hausse (+1%) des allocations d’interruption qui visent à assurer une meilleure conciliation entre vie professionnelle et privée. Si les régimes d’interruption de carrière (applicable dans le secteur public) et de crédit-temps (secteur privé) ont largement diminué en 5 ans, le recours au congé thématique, lui, a explosé (+28%). Une hausse qui se justifie notamment par l’utilisation de plus en plus répandue du congé parental, du congé pour assistance médicale ou pour aidants proches. Alors que par le passé, une majorité écrasante de femmes bénéficiaient de ces congés thématiques, les hommes sont de plus en plus nombreux à l’utiliser. « On observe une véritable ‘opération de rattrapage’ pour les hommes« , selon l’Onem.

Le chômage indemnisé a diminué de plus de 12 % en mai

Si la Belgique présente un marché du travail en évolution favorable, l’Onem souligne toutefois une perte relativement importante d’emplois liée à des faillites en 2022. Plus de 9.000 entreprises ont été contraintes de mettre la clé sous la porte, entraînant une perte totale de 17.524 emplois, contre 12.823 en 2021. Une augmentation qui s’explique notamment par la fin des mesures d’aide aux entreprises, qui avaient permis à certaines de garder la tête hors de l’eau au plus fort de la crise Covid.

Enfin, le rapport de l’Onem apporte des bonnes nouvelles pour 2023. Le nombre de chômeurs indemnisés devrait continuer à décroître, alors que le PIB devrait à nouveau augmenter, tout comme l’emploi intérieur. De bonne augure pour atteindre un taux d’emploi de 80% à l’horizon 2030, objectif ultime que s’est fixée la Vivaldi dans son accord de gouvernement ? Pour l’administrateur général de l’Onem, il convient de rester prudent: la réduction du chômage permettra assurément une augmentation du taux d’emploi, mais ne sera pas suffisante. D’autant que le contexte géopolitique reste très incertain.