Belgique

”Trafiquants de drogue, pédophiles… : ces personnes ne devraient pas être placées sous bracelets électroniques”

La Flandre est responsable de la surveillance électronique, mais pas des personnes qui peuvent être placées sous celle-ci. Il s’agit là d’une compétence fédérale. Selon la ministre flamande, le système judiciaire fédéral est au bord de l’effondrement et dépend de plus en plus des entités fédérées. Il en résulte un “afflux massif vers la surveillance électronique”, déplore-t-elle dimanche.

Au nord du pays, le nombre de personnes munies d’un bracelet et surveillées à domicile est ainsi passé de 1.500 à la fin de l’année dernière à 1.908 à la fin du mois de mars. “En trois mois, nous avons construit une prison numérique supplémentaire”, illustre Zuhal Demir.

Pour la ministre N-VA, la surpopulation carcérale ne devrait cependant pas être une raison pour placer automatiquement tout le monde sous surveillance électronique. Certaines peines devraient en être exclues. “Les trafiquants de drogue qui peuvent poursuivre leur activité sous bracelet électronique, les pédophiles enfermés chez eux avec leurs victimes mineures, les couples condamnés pour violence domestique qui purgent leur peine à la même adresse… Ces personnes ne devraient pas être placées sous bracelet électronique”, insiste-t-elle.

La ministre se dit particulièrement préoccupée par les personnes radicalisées qui restent chez elles avec un bracelet à la cheville. “Suivre un parcours de déradicalisation alors que le robinet de la radicalisation est ouvert en ligne à la maison est carrément dangereux.” Elle évoque une dizaine de cas de détenus sous bracelet aujourd’hui “qui pourraient être motivés par les récents projets d’attentats”.

Mme Demir dénonce une “politique de délégation” de la part des instances fédérales concernées. Mais le ministre fédéral de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open VLD), n’est pas tout à fait d’accord avec cela. L’utilisation croissante du bracelet n’a rien à voir avec une envie de déléguer à d’autres, mais plutôt avec une approche plus stricte des tribunaux et de la police de la “guerre contre la drogue”, répond son porte-parole. “L’utilisation du bracelet électronique, et son augmentation, n’a absolument rien à voir avec le nombre de détenus dans les prisons, et l’évolution que nous constatons n’est pas un tampon destiné à réduire la pression sur les prisons”, affirme-t-il.

Une approche plus stricte est nécessaire, insiste-t-on du côté du ministre fédéral, rappelant l’explosion encore survenue la nuit dernière à Anvers. Vincent Van Quickenborne est toujours prêt à s’asseoir avec les autorités flamandes pour trouver une solution structurelle, glisse-t-on d’ailleurs.

Depuis l’année dernière, les peines inférieures à trois ans de prison ne sont plus automatiquement converties en peines alternatives avec bracelet électronique. Le gouvernement ne cherche donc pas à en augmenter le nombre, appuie le porte-parole du ministre, pointant également le rôle des maisons de détention, dont l’une a déjà ouvert ses portes à Courtrai. Il s’agit d’établissements de petite taille où les condamnés à des peines plus courtes purgent leur peine.