Tensions chez Défi : les pressions d’Olivier Maingain pour pousser certains candidats laissent plusieurs députés bruxellois sur le carreau
Ce dimanche, après 7 heures de débat, le congrès général de Défi, réuni à l’ULB, a approuvé à plus de 60 % des voix ses listes électorales pour la Chambre à Bruxelles et au Parlement régional bruxellois.
La liste fédérale ne comporte pas de surprise. Elle sera emmenée par François De Smet, président du parti, devant Sophie Rohonyi et l’ex juge Michel Claise.
Comme déjà annoncé, Bernard Clerfayt, Joëlle Maison et Fabian Maingain tireront la liste régionale bruxelloise.
Ludivine de Magnanville sera 4e, devant Michaël Loriaux, Gisèle Mandaila (6e), Michaël Vossaert (7e), Alexandra Philippe (8e), Emin Özkara (9e).
Cette liste de noms n’était toutefois pas celle qui avait été concoctée initialement par le comité électoral du parti. Mais la première proposition soumise au vote des militants ce dimanche, n’a pas obtenu de majorité.
Le comité électoral, présidé par Didier Gosuin, a donc dû revoir ses plans. La conséquence d’une lutte d’influence entre plusieurs des chapelles qui composent Défi, et en particulier des pressions de la section de Woluwe-Saint-Lambert, représentée par son bourgmestre Olivier Maingain.
Chez Défi, le retour au premier plan de la vieille rivalité entre les familles Maingain et Clerfayt
C’est ainsi que Michaël Loriaux, chef de groupe Défi au conseil communal de Woluwe-Saint-Lambert, est passé de la 7e à la 5e place.
Que le député Michaël Vossaert, candidat malheureux à la dernière élection présidentiel, est remonté de la 11e à la 7e place.
Et que le député bruxellois Jonathan de Patoul, conseiller commune à Woluwe-Saint-Pierre, est redescendu d’une belle 5e place à une difficile 11e position.
”Olivier Maingain avait une dette envers Michaël Vossaert”
”Olivier Maingain avait une dette envers Michaël Vossaert, qu’il avait d’abord soutenu officieusement pour la présidence, avant de le lâcher dans la dernière ligne droite de l’élection, pour se ranger derrière François De Smet. Ces deux députés sont importants car ils renforcent le rapport de force en faveur de son fils Fabian Maingain au sein du groupe parlementaire bruxellois”, analyse une source Défi.
Cette liste a des airs de victoire pour le clan Maingain.
Cette lutte entre chapelles a occasionné d’autres mouvements notables. Jonathan Kitenge, président des jeunes Défi, initialement 49e, est ainsi remonté à la 15e place.
Bernard Clerfayt, bourgmestre en titre de Schaerbeek, a quant à lui obtenu qu’Emin Özkara, transfuge récent, soit mieux placé (9e).
guillement Il y a en effet eu des pressions de Woluwe-Saint-Lambert, qui est une section très forte… Mais c’est cela la démocratie, et elle s’exprime par des rapports forces. En tant que président du comité électoral, je n’ai pas à commenter le résultat. Même si personellement, dans ma carrière politique, je j’ai jamais agi de la sorte, en effectuant ce type de pressions… »
”Le collège électoral avait formulé une première proposition, dont il pensait qu’elle était la meilleure, réagit Didier Gosuin, président du comité électoral. Mais ce n’était visiblement pas le cas, par rapport aux équilibres internes. Il y a en effet eu des pressions de Woluwe-Saint-Lambert, qui est une section très forte… Mais c’est cela la démocratie, et elle s’exprime par des rapports forces. C’est pareil lorsque le clan Di Rupo, au PS, fait en sorte qu’il soit encore tête de liste à l’Europe. Même si personnellement, dans ma carrière politique, je n’ai jamais agi de la sorte, en effectuant ce type de pressions…”
En pratique, un grand nombre de députés sortants se voient rétrogradés, ou du moins mal placés, sur la liste régionale, tandis que d’autres ont été replacés plus haut.
guillement « C’est un choc par rapport au travail fourni par Emmanuel De Bock, Marc Lowenstein et moi-même depuis le Parlement bruxellois. Nous ne sommes pas reconnus par rapport au travail fourni. Ce qui s’est passé n’était pas correct, mais je ne veux pas m’écraser. Je vais me battre pour cette élection.«
”Je ne prends pas ça bien… J’étais 5e, je me retrouve 11e, souligne Jonathan de Patoul. Le second vote s’est déroulé très vite et a été adopté à une voix près. Je ne m’attendais pas à ce que cela passe, car la proposition n’était pas correcte. C’est un choc. Emmanuel De Bock, Marc Loewenstein et moi-même ne sommes pas reconnus par rapport au bon travail fourni au Parlement bruxellois. Il est assez clair qu’Olivier Maingain a poussé Michaël Loriaux et Michaël Vossaert. Même si je ne pense pas que c’était contre moi personnellement, car il y avait trois hommes pour cinq places, c’est dur à encaisser. Ce qui s’est passé n’est pas correct, mais je ne veux pas m’écraser. Je vais me battre pour cette élection.”
Le député Marc Loewenstein, 4e en 2019, ne sera que 13e.
La députée Nicole Bomele, 8e en 2019, sera 24e.
Emmanuel De Bock de la 5e à la… 25e place
Emmanuel De Bock, placé 5e en 2019, doit quant à lui se contenter d’une étonnante 25e place. Même s’il s’agit de la tête de la seconde colonne et donc d’une place relativement visible, l’attribution d’une position aussi éloignée de la première est très inhabituelle pour un chef de groupe au Parlement bruxellois, qui se voyait déjà candidat au poste de ministre bruxellois…
Il y a plusieurs semaines, le député était justement monté au créneau contre Olivier Maingain, accusé d’avoir fait pression pour “que son fils (Fabian) dépasse tout le monde sur la liste… Un parti ça ne s’hérite pas, ça se mérite”.
Emmanuel De Bock : “Olivier Maingain a fait pression pour que son fils dépasse tout le monde sur la liste… Un parti ça ne s’hérite pas, ça se mérite”
Plusieurs députés voient donc leurs chances de rempiler s’amenuiser alors que Défi avait obtenu 10 députés en 2019.
Les 6 ou 7 candidats mieux placés obtiendront probablement leur siège via le système de dévolution de la case de tête. Les autres ne pourront compter que sur leurs voix de préférence.
En conséquence, les 6 députés sortants les moins bien placés devront probablement se partager deux ou trois sièges.
